L'ex-membre du Haut Comité d'Etat propose aussi de garantir la liberté de manifester pacifiquement, même dans la capitale. C'est armé de dix propositions que l'ex-ministre de la Défense et ex-membre du Haut Comité d'Etat M.Khaled Nezzar, s'est dirigé, jeudi, à la Présidence pour rencontrer l'instance de consultation sur les réformes politiques. La rencontre avec Abdelkader Bensalah, président de cette instance, aura duré deux heures. Nezzar semblait pressé de rendre publiques ses propositions. Il sera le premier sur la liste des invités à avoir révélé dans «les détails» sa vision des réformes préconisées par le président de la République. Khaled Nezzar consulté en sa qualité de «personnalité nationale», veut une commission indépendante pour mener au bout cette réforme. Il n'ira pas jusqu'à demander la dissolution de la commission de Bensalah, mais atteste sans ambigüité son souhait de voir la mission ayant trait à la révision des textes de loi, à sa tête, la Loi fondamentale, confiée à une «instance indépendante». L'ex-homme fort de l'Armée nationale populaire semble avoir des réserves sur la composition de l'instance de consultation. D'ailleurs, Khaled Nezzar affirme que sa participation dans les consultations intervient après «l'engagement personnel pris par le premier magistrat du pays de concrétiser ses réformes politiques, oh! combien nécessaires pour le pays». L'homme, qui a multiplié les déclarations politiques après avoir troqué sa tenue militaire, trace une feuille de route pour réussir ses réformes.Il rejoint le camp des personnalités ayant appelé à la limitation des mandats présidentiels, cela «pour davantage de crédibilité». Une proposition qui revient avec persistance dans les discussions menées par l'instance de consultation. Ainsi, le respect de l'alternance au pouvoir et l'édification d'institutions législatives et exécutives élues selon le principe de l'égalité des chances, à tous les niveaux du pouvoir, ont été également parmi les points évoqués Nezzar mettra l'accent sur la nécessité, dans le cadre de la révision de la Constitution, «du respect de la nature républicaine et démocratique de l'Etat algérien». Cela au moment où des informations persistantes font état de l'intention des autorités de libérer des islamistes. Interpellé dans ce cadre par la presse, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, n'a ni infirmé ni confirmé l'information. Il s'est juste contenté de dire qu'«il n'était pas informé de la question». La précision de Nezzar intervient aussi dans le sillage du souhait émis par «des islamistes repentis» tel que Madani Mezrag, de prendre part au dialogue national initié par la Présidence. En s'adressant à la presse en marge des discussions qu'il a eues avec Bensalah, Nezzar a pris de court l'assistance en confirmant la légitimité du Parlement algérien. Afin d'éviter une crise institutionnelle qu'induirait la dissolution du Parlement, il proposera au président de la République de légiférer par ordonnance jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement, bien évidemment sur des bases démocratiques. «Il a plaidé, dans le cadre de ces réformes, pour la protection des droits de l'opposition et de la minorité parlementaire. Il ne faut pas toucher à ces droits», martèlera l'ex-officier supérieur et ministre de la Défense nationale qui propose dans le même cadre d'autoriser la création de nouveaux partis politiques et de nouvelles associations de la société civile. L'ex-membre du Haut Comité d'Etat propose en outre de garantir la liberté de manifester pacifiquement, même dans la capitale, et la transparence dans tous les domaines. Pour Nezzar, «aucune légitimité ne doit prévaloir en dehors de la légitimité constitutionnelle en ce qui concerne les croyances religieuses et les libertés individuelles». Il estimera nécessaires ces réformes pour l'instauration de l'Etat de droit. «Cette initiative doit s'inscrire dans notre objectif de transmettre le flambeau aux nouvelles générations», a ajouté Nezzar qui a plaidé pour la restauration de l'autorité de l'Etat. Bouacha propose la dissolution du FLN En cette sixième journée de consultations, l'Instance nationale concernée avait reçu les représentants du mouvement El Infitah, conduits par son président, M.Omar Bouacha. Dans une déclaration à la presse, au terme de sa rencontre avec les membres de l'instance, M.Bouacha a salué l'initiative du président de la République d'engager ces consultations sur les réformes politiques, estimant que ce processus allait «donner plus de stabilité au pays». Il a plaidé, en outre, pour «le départ du gouvernement actuel et son remplacement par un gouvernement d'union nationale formé des partis politiques, des hommes de science et des intellectuels», ainsi que la dissolution du parti FLN, considéré comme étant le «patrimoine commun à tous les Algériens». Il a indiqué, par ailleurs, que son parti était pour un système parlementaire avec deux chambres, dont la première issue du suffrage universel et la seconde désignée avec cependant, des pouvoirs élargis (Sénat), y compris l'amendement des projets de lois adoptés à l'Assemblée, au lieu de la formule actuelle qui consiste à accepter les lois ou à les rejeter. Evoquant les articles 82 et 109 du Code électoral qui exigent 3% d'électeurs des partis politiques, tout comme des listes indépendantes, il a qualifié ces dispositions d'«injustes» et qui «marginalisent» les partis politiques. L'Instance de consultations sur les réformes politiques a également reçu le même jour (jeudi, Ndlr) une délégation du Rassemblement algérien, conduite par son président Ali Zeghdoud. Dans une déclaration à la presse, M.Zeghdoud a indiqué qu'il avait remis un mémorandum à l'Instance contenant des propositions sur la révision de la Constitution, de la loi sur les partis politiques et le code électoral. Tout en appelant à réunir les conditions nécessaires aux partis et aux élus pour s'occuper des problèmes du peuple et participer à la construction du pays, il a salué la décision du chef de l'Etat relative à la dépénalisation du délit de presse. M.Zeghdoud a exprimé, en outre, le désir de son parti de consacrer le système présidentiel actuel, en ajoutant le poste de vice-président qui serait désigné, a-t-il préconisé, par le président de la République.