Une enveloppe de 2 milliards de dollars est accordée, chaque année, à l'importation de médicaments tous types confondus. Le marché du médicament est atteint d'une maladie chronique appelée pénurie et cela depuis pratiquement plus de 4 ans. Cette disette est devenue récurrente. «Elle a même atteint un degré agaçant», déplore le président du Syndicat des pharmaciens des officines (Snapo). La quasi-majorité des pharmaciens constatent que la pénurie des médicaments s'est aggravée au cours de ces dernières années. L'indisponibilité concerne «entre 70 et 150 médicaments», a-t-il estimé. Selon d'aucuns, «plus de 400 voire 500 médicaments seraient en rupture de stock». En somme, une situation problématique qui accable malades et pharmaciens. «Dès fois il y a des substitut mais souvent le patient ne trouve même pas de remplaçant aux médicaments indispensables», fait-il savoir. La rupture est exacerbée par «certains réflexes et pratiques dans le circuit de distribution ayant tendance à tout stocker», dira-t-il. rappelant qu' «outre ce phénomène de retention de certains produits, l'exclusivité ou le monopole ainsi que la vente concomitante sont des carences rongeant le secteur du médicament». Chaque semaine, tous les premier ou deuxième jours du mois «une dizaine de médicaments seraient en rupture de stock en moyenne», affirment les pharmaciens. «L'aspirine en sachet qui a fait l'objet d'une rumeur persistante selon laquelle un grand distributeur a mis le grappin sur la totalité des produits disponibles, est touchée de plein fouet par cette perturbation», apprend-on auprès de ce pharmacien. Le manque d'insuline est tellement ressenti que «les diabétiques se sont rabattus sur les stylos, un produit indisponible et coûtant très cher», a-t-on constaté. Pis encore, «même la pilule contraceptive, les corticoïdes injectables et buvables, les anti-inflammatoire, mais aussi les anti-douleurs pour les cancéreux ou les équivalents de la morphine synthétique sont également en rupture pour ne citer que ceux-là». A vrai dire, la liste des médicaments indisponibles est très longue. Cette pénurie durable, recèle beaucoup de zones d'ombre. Même les intervenants les plus avertis n'ont pu que s'interroger sur les raisons à l'origine de cette pénurie incongrue. Un budget de 2 milliards de dollars est accordé chaque année à l'importation de médicaments tous types confondus. Cette rupture est d'autant plus incompréhensible que cela fait au moins 6 semaines, soit le 14 avril dernier, que le ministère de la Santé a annoncé par la voix de son secrétaire général, lors de la réunion de la commission mixte, que «tous les programmes des importations des produits finis, la matière première y compris, les produits destinés au conditionnement ont été signés», indique le président du Snapo, Messaoud Belambri. Au-delà du traitement réservé à ces autorisations annuelles accordées aux importateurs de médicaments, les opérateurs citent le problème du Credoc (crédit documentaire). Ce moyen de payement est jugé lent à mettre en oeuvre et financièrement très contraignant. A cet obstacle s'ajoute, disent-ils «la rupture des stocks constitués durant l'année 2009». En conséquence, leur reconstitution prendra beaucoup de temps d'autant que les conditions dans lesquelles se font ces importations sont jugées drastiques du fait, notamment de la généralisation de la formule imposée du Credoc. Enfin, cet état des lieux confirme que la santé des millions de citoyens dont la vie dépend de ces produits vitaux et indispensables, qui constituent un impératif de santé publique, est en péril.