Le président français, Nicolas Sarkozy, qui sera l´hôte de l´Algérie à partir d´aujourd´hui, viendra à Alger pour nous «vendre» l´Union méditerranéenne, au moment où l´Union européenne prend de plus en plus les dimensions d´un Etat fédéral. Même l´Union africaine a consenti d´énormes efforts pour se mettre au diapason de la dynamique de regroupement observée dans les cinq continents. Et l´Union du Maghreb (UMA) où se positionne-t-elle dans ce vaste mouvement de rassemblement entre les Etats, que ceux-ci soient voisins ou plus lointains? Or, l´UMA est aujourd´hui un peu à l´image de la vache de la fable: elle regarde les autres s´unir, se développer et progresser, s´inventant tous les prétextes possibles pour retarder son propre avènement en tant qu´Union véritable, représentative d´un Maghreb, riche de ses diversités mais qui reste pauvre de volonté politique et de vraies perspectives d´unité. A la veille du XXe anniversaire de sa création -par le sommet de Zéralda (Alger) au printemps 1988 et avalisé par le sommet de Marrakech en 1989- l´Union du Maghreb fait toujours du surplace ne parvenant pas à dépasser les voeux d´intention. Au moment où l´Union méditerranéenne se met sur orbite, quel avenir sera celui de l´UMA? Sans réelles perspectives à moyen et long termes et sans programmes politique et économique crédibles, encadrant des projets maghrébins tangibles capables de stimuler le développement, il est vain de faire croire à une existence de l´UMA qui n´est aujourd´hui que virtuelle. La 27e session du Comité maghrébin des ministres des Affaires étrangères de l´UMA -qui s´est tenu samedi à Rabat- cache mal le vide structurel qui est celui d´une Union qui s´est montrée incapable, ces dernières années, de s´adapter au contexte politique -certes difficile- qui est celui de la région. Aussi, il faut bien admettre que la question de la décolonisation du Sahara occidental (un dossier en charge du Conseil de sécurité de l´ONU) a eu un effet négatif et a constitué un blocage qui a réduit l´UMA à une coquille vide. Or, cette question qui relève des instances internationale en charge de la décolonisation des derniers territoires non indépendants, n´aurait jamais dû influer sur le devenir d´un ensemble de 85 millions d´habitants. Le Maroc l´a voulu ainsi et porte une grande responsabilité dans l´arrêt et la stagnation que connaît l´UMA, scotchée depuis 1994 sur ses starting-blocks à la suite de la demande du Maroc de geler ses activités. Si des comités spécialisés de l´UMA se réunissent ici et là -comme celui des Affaires étrangères réunis ce week-end à Rabat- cela se fait sans grande conviction et sans influence sur la réalité de l´Union maghrébine, en stand-by depuis près d´une quinzaine d´années. Il ne faut pas se leurrer, l´UMA doit désormais être réfléchie autrement, car face à l´offensive européenne, son avenir risque fort de ne plus lui appartenir, quand ce sont des forces extra-maghrébines -l´Union européenne en l´occurrence- qui auraient ainsi la velléité de «relancer» l´UMA. Cela se comprend, l´UE a besoin d´avoir en face d´elle un seul interlocuteur représentatif de cet énorme marché et elle agit dans le sens de ses intérêts quand les Maghrébins n´ont pas su où se trouve le leur, ni pu prendre en main leur propre devenir.