L´Union pour la Méditerranée célèbre demain son premier anniversaire. Peut-on parler de bilan, ou évaluer ce qui a été fait, et/ou, pouvait être fait? Sans doute qu´il est encore tôt, comme l´estiment certains observateurs, pour situer réellement ce que sera l´UPM dans l´espace méditerranéen. Et pour cause! Toutefois, d´ores et déjà, on peut avancer que l´Union pour la Méditerranée est loin du compte, du moins loin des objectifs qui lui étaient assignés. Fondée le 13 juillet 2008 à Paris dans un enthousiasme quelque peu factice, dans le sillage de l´élection du président français, Nicolas Sarkozy, qui voulait célébrer par un coup d´éclat, le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, l´Union pour la Méditerranée n´a donc pas tenu tout ce qu´elle promettait. Pouvait-il en être autrement, lorsque l´UPM a, tout au plus, été un coup de boutoir qu´une institution mûrement réfléchie par l´ensemble des pays du rivage méditerranéen. La présence même des 27 pays constitutifs de l´Union européenne, imposée à Sarkozy par la chancelière allemande, Angela Merkel, enlevait toute «méditerranéité» à une UPM qui semblait bien avoir dépassé les raisons même de son existence. D´autre part, la non-représentation d´un pays-clé du Bassin méditerranéen, la Libye, rendait caduc tout ce que l´UPM pouvait entreprendre. De fait, l´UPM a été une sorte de reconduction du Processus de Barcelone, malgré l´échec de cet ensemble régional qui n´a pas su, surtout pu, prendre en charge les préoccupations de ses Etats membres, singulièrement ceux de la rive sud de la Méditerranée. En effet, peut-on sérieusement construire un ensemble régional, qui se veut dynamique, tout en refusant l´adhésion de la Turquie à l´Union européenne d´une part, en faisant l´impasse sur le contentieux israélo-palestinien, d´autre part dans lequel, ni le Processus de Barcelone hier, ni l´UPM aujourd´hui, n´ont joué, n´ont pu, ni se semblent devoir jamais y jouer un rôle? L´agression de la Bande de Ghaza par Israël et les massacres qui s´en sont suivi attestent largement de l´impuissance de l´UPM, qui est d´abord celle de l´UE et de ses membres les plus influents, à contribuer positivement à la solution d´un conflit qui est resté un déni de droit envers le peuple palestinien spolié de son pays, privé de sa liberté et empêché de créer son Etat par Israël, membre «fondateur» de l´UPM dont il assure le secrétariat général adjoint. Il ne fallait donc pas s´étonner que l´UPM se bloque dès le premier accroc qui, en l´occurrence, est l´agression dont a été victime le peuple palestinien de Ghaza, agression d´ailleurs insuffisamment, pour ne point dire pas du tout, condamnée par les mentors de l´Union européenne, à commencer par MM.Sarkozy et Gordon et par Mme Merkel, qui n´hésitent pas à donner des leçons de bonne conduite à ces riverains du Sud qui ont encore tout à apprendre. L´Union pour la Méditerranée, dont on attend toujours qu´elle démontre la pertinence de sa création n´est, au final, qu´un gag qui, s´il a amusé un moment, fait aujourd´hui grimacer et est de plus en plus ressenti comme un fardeau, à commencer par Bruxelles, qui ne voit pas comment lui assurer un budget de fonctionnement conséquent. Dans l´attente d´un bilan qui reste à faire - que l´on promet de faire lors du deuxième sommet des chefs d´Etat et de gouvernement, prévu en juillet 2010 - l´UPM s´avère être un avatar par lequel un président, en mal de réclame, s´est assuré une notoriété à peu de frais. L´UPM reste en fait un «machin» dont l´utilité n´est guère évidente dans un ensemble méditerranéen tiraillé par des ambitions antagonistes pas toujours propices à la construction d´un ensemble méditerranéen exempt de calculs politiciens.