Sidérante réponse que celle qui a été donnée par le représentant du gouvernement aux questions orales des députés. «Nous n´avons pas de solutions. Faites-nous des propositions», a-t-il lancé aux parlementaires au sujet de l´inflation que connaissent les prix des produits alimentaires. Se peut-il que le gouvernement puisse faire un tel aveu d´impuissance sans aller au bout de sa démarche et se démettre? Comment le gouvernement conçoit-il son rôle? Que font les ministres pour meubler leurs journées s´ils sont incapables d´avoir les solutions à nos problèmes? Comment peut-on interpréter le fait que de tels propos puissent être tenus en direction de l´opinion publique? Il y a là un message que le gouvernement a intentionnellement délivré aux Algériens. Il y a deux façons d´interpréter le message. Soit le gouvernement a voulu, par là, tancer les parlementaires et les interpeller pour remplir leurs fonctions qui sont de participer avec des propositions à la gestion des affaires du pays. Fonctions qui, il faut le dire, ne sont point le fort de nos parlementaires depuis toujours. Au point d´ailleurs que lors de questions aussi déterminantes dans la vie quotidienne des citoyens, une forte proportion de députés ne juge même pas utile d´être présente à l´hémicycle. Si c´est le cas, et par extension, le gouvernement s´adresse aussi aux formations politiques et les somme d´être à la hauteur de ce qu´il est attendu d´elles. De s´impliquer de manière plus responsable et plus experte dans tous les dossiers en général et celui, très sensible, du pouvoir d´achat en particulier. De cesser de «répondre» aux questions par d´autres questions. D´en finir en somme avec le discours creux et stérile avec lequel nos parlementaires pensent pouvoir «noyer le poisson» avec comme seul souci, de préserver leur position sociale très avantageuse. Il y a tout lieu de croire que c´est cette interprétation qu´il faut donner au message délivré par le gouvernement dans l´enceinte de l´APN. Ce qui est tout de même plus rassurant, si l´on ose dire, que la seconde façon d´interpréter, au premier degré, le message comme une reconnaissance faite par le gouvernement de sa propre inutilité. Car, enfin, des solutions existent face à l´inflation. La première comporte tous les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre l´autosuffisance alimentaire. Nous avons la chance d´avoir l´espace et une bonne terre, un bon climat, de l´argent et des bras. Il ne nous manque que le savoir-faire. Un savoir-faire qu´il est possible «d´importer» de ces pays d´Asie qui font de l´économie du savoir leur unique mais grande richesse. Plusieurs formules existent. Il nous manque un peu d´imagination aussi pour créer l´attraction nécessaire, par la défiscalisation par exemple. Par des facilités de cession ou de concession du foncier. Etc. etc. D´ailleurs, le dernier Conseil des ministres pour avoir reconsidéré la politique agricole poursuivie jusque-là, a fait son autocritique alors que les parlementaires dont c´est le rôle, n´y avaient vu que du feu. Rien, cependant, ne trouble l´aplomb de nos parlementaires. Ils regardent ailleurs quand ils sont interpellés. Ils ne se sentent nullement concernés. Jusqu´à quand allons-nous vivre avec une telle représentation?