L'Assemblée nationale clôturera sa session de printemps, aujourd'hui, sans que le groupe parlementaire du parti de Ali Benflis ne connaisse les raisons du silence des pouvoirs publics sur les agressions qui ont ciblé ses locaux et ses militants. Tout le monde s'attendait à ce que l'interpellation du gouvernement par le FLN, à propos des attaques dont ont fait l'objet ses structures et ses militants, soit inscrite au programme des questions orales hier à l'Assemblée populaire nationale. Les députés du parti de Ali Benflis ont été surpris par le sort réservé à leur initiative par Ahmed Ouyahia et son Exécutif, qui n'ont pas jugé utile de répondre à la question du parlementaire de Mostaganem, Ahmed Latrouche, qui demandait au gouvernement des explications quant au silence des pouvoirs publics sur les agressions qui ont ciblé ces dernières semaines les locaux de sa formation. En insistant sur le fait que ce genre de pratiques constitue un grave et dangereux précédent qui menace l'édifice démocratique, Ahmed Latrouche mettait l'accent sur le rôle que doit jouer l'Etat dans la protection des partis politiques en tant qu'institutions constitutionnelles et fondement du régime démocratique pluraliste. Seulement, la réponse à cette question est renvoyée aux calendes grecques. Les députés de l'Assemblée populaire nationale ont été frustrés, hier, par le gouvernement Ouyahia qui a préféré purger le registre des questions orales pour passer sous silence l'interpellation des parlementaires du parti de Ali Benflis. Pourtant, le bureau de l'Assemblée a bien transmis le document, suivant les procédures qui régissent les relations entre les deux institutions. Le chef de l'Exécutif pouvait bien charger le ministre de l'Intérieur de répondre, car directement concerné par l'affaire, ou encore le ministre chargé des relations avec les parlementaires. Cela n'a pas été fait et les justifications que certains lient à l'accumulation des questions orales s'avèrent trop simplistes, tant les véritables raisons de la non-programmation de la question de l'élu du FLN se situent ailleurs. Pour un autre député du parti de Ali Benflis, “l'interpellation n'a pas été inscrite à l'ordre du jour parce qu'elle est gênante, en septembre, elle ne sera plus d'actualité”. “Le gouvernement veut laisser l'eau couler sous les ponts”, dira-t-il, avant que Abbas Mekhalif, chef du groupe parlementaire du parti, enchaîne en affirmant qu'“interpeller le gouvernement est un droit”. Selon lui, chaque quinze jours, les députés ont le droit de poser des questions orales aux ministres. “Nous ne laisserons pas tomber nos revendications”, soulignera encore l'élu du FLN qui insiste à dire que son parti qui “a bénéficié du crédit des électeurs lors des dernières élections locales et législatives compte assurément défendre sa ligne et son indépendance”. Pour lui, le FLN constitue une force (il a environ 6 000 élus) et il a bien l'intention de consolider une vraie démocratie. “On en est plus à l'époque du candidat du consensus”, précise Abbas Mekhalif. Ce n'est pas la première fois, en effet, que l'Assemblée nationale connaît une telle situation. Plusieurs questions importantes ont connu, par le passé, le même sort. Il a fallu attendre parfois une année pour qu'un membre du gouvernement daigne répondre à une interpellation. L'accumulation sert finalement à quelque chose, comme faire du remplissage quand l'APN est en panne de projet. Comme il était indécent que l'Assemblée clôture sa session de printemps sur une polémique, il fallait bien trouver de quoi la meubler et, si possible, avec des questions qui ne dérangent pas. Une manière de calmer le jeu. Et quand la contestation n'est plus d'actualité, la réponse perdra tout l'intérêt qu'elle aurait pu susciter au départ. S. R.