La course aux voix fait fureur dans les rangs des candidats démocrates américains qui se disputent les grâces du lobby pro-israélien, allant dans la surenchère jusqu´à se faire concurrence, à qui se montrera le plus adroit à faire passer les intérêts d´Israël avant ceux du peuple américain. Les candidats à la présidentielle du 4 novembre, tant démocrates que républicains, tout au long de la campagne électorale, ont fait assaut de soumission envers l´Etat hébreu. John McCain a même réservé sa toute première visite à l´étranger, en tant que postulant républicain à l´investiture présidentielle, à Israël. Après Hillary Clinton, qui «assura» Israël de son soutien, c´est au tour de son adversaire à l´investiture démocrate, Barack Obama, de promettre de «tout faire» pour défendre Israël. «En tant que président, je ferai tout ce que je peux pour aider (Israël) à se protéger (...) Nous ferons en sorte qu´(Israël) ait les moyens de se défendre d´attaques qui viennent d´endroits proches comme Ghaza ou éloignés comme Téhéran.» Le sénateur de l´Illinois rejette par ailleurs «sans équivoque» le droit au retour des Palestiniens parce qu´il «comprend» qu´Israël doit rester un «Etat juif». M.Obama donne, en fait, l´impression de n´avoir rien compris au dossier israélo-palestinien qui entre dans sa 60e année. Ce n´est certes pas avec ce genre de déclarations populistes qui, outre d´être improductives, sont dangereuses pour la paix au Proche-Orient, qui encouragent Israël dans son irrédentisme et ferment les portes à toutes les voies à une solution négociée, que les Etats-Unis vont faire baisser les tensions au Proche-Orient. Encore une fois, un potentiel présidentiable américain se laisse dicter les choix de la politique étrangère de Washington par le lobby pro-israélien. C´est là, cependant, un débat, réputé tabou, qui ne risque pas de voir le jour aux Etats-Unis, tant est omniprésente l´influence des groupes juifs, à leur tête le tout puissant Aipac (l´American Israeli Public Affairs Committee), véritable pont avancé d´Israël aux Etats-Unis. L´Aipac a, de fait, une influence décisive sur la politique étrangère américaine dans son volet proche-oriental. En effet, aucun président américain ne se permet de prendre un quelconque arrêt sans l´accord préalable du lobby pro-israélien. Si ce dernier joue un rôle prépondérant dans la politique proche et moyen-orientale des Etats-Unis, ses membres participent aussi grandement au financement des campagnes électorales en fournissant des fonds aux candidats. Dès lors, pour Israël, que le président soit démocrate ou républicain, c´est blanc-bonnet, bonnet-blanc; cela ne change rien dans la mesure où, avant même leur éventuelle élection, les candidats présidentiables font allégeance à Israël comme vient de le montrer le candidat Barack Obama qui a passé mercredi près d´une heure avec 75 représentants de la communauté juive, les assurant qu´il est un «ami» des juifs et un «ami» d´Israël. M.Obama, qui prend fait et cause pour l´une des parties en conflit au Proche-Orient, est-il qualifié demain -en cas de son élection à la magistrature suprême américaine- pour parrainer le processus de paix? On en doute, et ce n´est pas l´échec du président sortant, George W.Bush, qui nous démentira. Les présidents américains, qui font publiquement allégeance à l´Etat hébreu, en sus incapables de prendre du recul par rapport à Israël, ne sont manifestement pas les plus qualifiés pour trouver une issue à un contentieux, souvent sanglant, qui est au terme de sa sixième décennie.