Barack Obama a entamé, en Afghanistan, une tournée internationale qui le conduira également au Proche-Orient et en Europe. Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine entend ainsi s'impliquer directement dans des dossiers brûlants, anticipant sur sa capacité à en prendre la mesure s'il était élu président des Etats-Unis en novembre prochain. Crédité par les sondages d'une légère avance sur son rival républicain, John McCain, le sénateur de l'Illinois s'attache à conforter son avantage en donnant des gages aux divers lobbies qui peuvent décider de l'issue du vote. Barack Obama s'est particulièrement illustré dans la défense d'Israël dans le souci manifeste de se rallier les faveurs du lobby juif, dont l'influence est plus qu'avérée aux Etats-Unis. Le candidat démocrate est poussé à faire de la surenchère par peur évidente de céder du terrain à son concurrent républicain, qui ne fait pas mystère de sa sympathie pour l'Etat hébreu et tient à l'égard de l'Irak et de l'Afghanistan un discours guerrier. Barack Obama s'efforce ainsi de colmater son déficit d'image sur le plan international en s'alignant à son tour sur les postures les plus convenues de la politique étrangère américaine. Il a même cru utile d'affirmer qu'El Qods resterait israélienne, ignorant du coup que pour les Palestiniens, elle est la capitale de leur Etat. Il est à se demander alors si Barack Obama fera plus et mieux que ses prédécesseurs qui, au Proche-Orient, n'ont défendu qu'Israël. Ce serait d'ailleurs faire preuve d'angélisme que de croire que Barack Obama, et à plus forte raison le républicain John McCzin, voudraient aller à l'encontre du puissant lobby sioniste. Sur un autre plan, le candidat démocrate, qui se déclare favorable à un désengagement en Irak, s'affirme partisan d'un durcissement en Afghanistan où les taliban semblent reprendre l'initiative. Barack Obama voudrait apparaître d'ores et déjà comme un homme de décision qui fait preuve de pragmatisme et de fermeté. Mais au-delà des déclarations de principe surtout destinées à rassurer les groupes d'influence, il est peu probable que le candidat démocrate dispose d'une solution prête à l'emploi pour sortir l'Amérique des conflits ruineux dans lesquels elle est empêtrée et dont ne profite que le complexe industrio-militaire. A quelques variantes près, il est donc pratiquement certain que la politique étrangère de Barack Obama, s'il était élu président des Etats-Unis, ne pourrait pas éviter le politiquement correct, autrement dit le soutien indéfectible de l'Amérique à Israël, le maintien de pays comme l'Afghanistan ou l'Irak sous occupation militaire et la permanence de l'hégémonie américaine sur le monde. Le candidat démocrate, en dépit de ses idées personnelles sur nombre de questions humaines et civilisationnelles, n'ignore pas que personne avant lui n'est entré à la Maison-Blanche en prônant, ingénument, une ère de pacifisme. Voudrait-il d'ailleurs prêcher, aujourd'hui, un tel idéal de paix universelle qu'il n'y parviendrait pas. Les préjugés favorables qui peuvent entourer Barack Obama, ses professions de foi ne lui permettront peut-être pas d'éviter que le monde s'attende encore au pire.