Ils étaient, à quelques éléments près, 600.000 lycéennes et lycéens à commencer hier les épreuves du baccalauréat nouveau format. En fait, se chevauchaient hier le reliquat de l´ancienne formule avec ses 15 filières et le nouveau Bac issu de la réforme avec un programme resserré autour de 6 filières. Cette réforme, aboutissement de plusieurs années de réflexion autour du système scolaire et universitaire algérien, est en rupture avec l´enseignement fondamental qui a régi, durant trois décennies, l´Ecole algérienne. Parallèlement à l´achèvement de la réforme de l´enseignement primaire et secondaire, eut lieu la mise en place, depuis trois ans, du nouveau système universitaire dit «LMD» (Licence, Maîtrise, Doctorat) qui, selon ses promoteurs, serait plus adapté à un enseignement moderne et mieux en phase avec les besoins du pays, certes! Toutefois, les choix des candidats du Bac 2008 sont surprenants, qui semblent avoir délaissé les filières scientifiques. Ce choix étonne certainement, mais a surtout de quoi inquiéter, lorsque l´on songe que l´Algérie est aujourd´hui demanderesse -pour les besoins de son développement- d´ingénieurs, de techniciens supérieurs, de mathématiciens, d´informaticiens, spécialités peu ou prou comme le montrent les indications fournies sur le Bac 2008. Pourquoi cette désertion par nos étudiantes et nos étudiants, des filières scientifiques qui sont pourtant les plus porteuses, car directement en prise avec le développement intrinsèque d´un pays et, donc, pourvoyeuses de travail. On a reproché à l´Université algérienne de former des chômeurs diplômés, quand des brevetés frais émoulus de l´université se retrouvaient sur le carreau sans espoir de s´intégrer dans le tissu social national. Sans doute! Cela n´explique néanmoins pas la défection, ou la grave hémorragie, dont sont victimes les filières scientifiques, technologiques et mathématiques, comme le signalent clairement les statistiques du ministère de l´Education nationale. Ainsi, nous relevons que 41,11% des candidats ont choisi les sciences de la nature et de la vie. Par comparaison, les filières des sciences pures et de la technologie sont boudées comme l´indiquent les statistiques évoquées selon lesquelles seuls 0, 85% des candidats ont choisi l´industrie mécanique, 0,82% d´entre eux le génie mécanique, quand la construction et les travaux publics réunissent difficilement 0,63% des candidats. C´est alarmant alors que l´Algérie, devenue un colossal chantier, a besoin de milliers d´ingénieurs en travaux publics, en génie mécanique et autres électrotechniciens et électroniciens pour assurer son développement. Faut-il dès lors s´étonner que les Chinois et les Japonais - qui ont en charge la gigantesque autoroute Est-Ouest et la construction du million de logements - aient eu recours à «l´importation» de Chine et du Japon d´ingénieurs en génie civil, en mécanique et en travaux publics pour les besoins de leurs chantiers? Après avoir formé des chômeurs diplômés, l´Algérie va-t-elle poursuivre dans l´irrationnel en formant des diplômés qui ne serviront en rien le pays? C´est le dilemme cornélien qui se pose, avec gravité, aux politiques et décideurs du pays. Et le Bac 2008, loin de rassurer sur le système éducationnel national, inquiète!