Lors du discours prononcé à l´occasion du neuvième anniversaire de son accession au trône, le souverain chérifien a encore usé et abusé d´un art qui, décidément, devient de plus en plus un label marocain, celui de l´habillage du langage pour faire dire aux mots une chose et son contraire. Le souverain alaouite s´est encore exercé, après nombre de personnalités marocaines, à cet art du camouflage de la vérité pour tenter d´imposer celle qui agrée le Makhzen et le Palais royal. Mais personne n´est dupe, et le souverain alaouite continue à faire tout faux en procédant à une lecture unilatérale du dossier sahraoui, où l´amalgame est roi, d´une part, du contentieux algéro-marocain, d´autre part, tentant, au passage, de faire porter à l´Algérie la responsabilité de l´immobilisme, pour ne pas dire l´échec de l´UMA et des relations entre nos deux pays. Sur le Sahara occidental, nous ne ferons pas l´injure, au juriste qu´est Sa Majesté alaouite, de l´ignorance des tenants et aboutissants d´un conflit qui perdure depuis près de quatre décennies et dont les instances internationales en charge du dossier, en ont défini la nature, laquelle reste une question de décolonisation qui entre de plain-pied avec les règles et résolutions du Conseil de sécurité en ce sens, notamment la résolution 1415 (V) de 1960 reconnaissant aux peuples colonisés le droit à l´autodétermination. L´Algérie, qui a obtenu son Indépendance après plusieurs années de lutte, a pour principe cardinal, le soutien à tous les peuples encore soumis au joug de la domination coloniale. Ce qui est le cas du Sahara occidental. Ce n´est pas une question personnelle, c´est juste une affaire d´éthique politique que Rabat aurait dû faire sienne. Rassurant Sa Majesté, l´Algérie a toujours déclaré qu´elle n´a aucune ambition territoriale sur le Sahara occidental. Quant au fait accompli, c´est bien le Maroc qui tente de l´imposer à la communauté internationale, singulièrement par cette incongruité qu´est le «référendum confirmatif», ou «l´autonomie» dans «l´intégrité territoriale» du Maroc, desseins qui, l´un comme l´autre, font fi du droit international et de la Charte de l´ONU, ne laissant aucun choix au peuple sahraoui pour décider de son destin. Quant au contentieux «algéro-marocain», le roi du Maroc prêche le faux, en omettant, notamment les circonstances pour lesquelles les frontières entre l´Algérie et le Maroc ont été fermées. Rabat à la mémoire courte, qui oublie pourquoi, en août 1994, ces frontières ont été fermées lorsque le Makhzen donna la chasse aux Algériens, les a punis collectivement en les expulsant du Royaume et en leur imposant le visa, pour un acte terroriste dont les auteurs se sont révélés être tous des sujets de Sa Majesté, alors que les Marocains pointaient, en revanche, du doigt les services secrets algériens, les accusant d´être les commanditaires de l´attentat de l´hôtel Asni à Marrakech. L´Algérie n´a sanctionné personne, c´est le Maroc lui-même qui s´est mis dans une situation impossible par des décisions politiques suicidaires. Les Algériens, même s´ils ne sont plus aussi nombreux à visiter le Maroc, comme avant 1994, étaient quand même plus de 500.000 à avoir choisi cette destination en 2007 -la réciproque n´a jamais existé, les touristes marocains choisissant pour leur part, d´autres lieux- alors que bon an mal an, l´Algérie reste le premier partenaire économique africain du Maroc, par le volume des échanges, cela malgré la fermeture des frontières. Il est vrai que le flux des affaires venues d´Algérie ont permis de désenclaver le Maroc oriental imprégnant une aisance jamais connue à cette région et quelque peu perdue après la fermeture des frontières. Ceci peut expliquer cela. Pour ce qui est de l´UMA, la responsabilité du Royaume marocain est entière, qui a demandé le gel de ses activités au président en exercice, alors, du groupement maghrébin. L´histoire en témoigne. Par ailleurs, l´actuel souverain marocain a systématiquement boycotté toutes les tentatives de réunion au plus haut niveau des responsables de l´UMA. Si aujourd´hui, un pays doit faire montre de pondération, c´est bien le Maroc, et ses dirigeants, de sagesse pour préserver ce qui doit l´être des relations entre l´Algérie et le Maroc et plus généralement pour la relance de l´Union du Maghreb.