On le savait, mais maintenant aucun doute n´est permis. La crise financière est à une heure de nos portes. Le président Français, Nicolas Sarkozy, a préféré le langage de la «vérité» pour dire aux Français que «la crise actuelle aura des conséquences sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d´achat» avant d´annoncer le prochain licenciement de quelque 30.000 fonctionnaires comme première mesure de réduction des dépenses publiques. Pour rassurer, il a ajouté qu´il «n´accepterait pas qu´un seul déposant perde un seul euro parce qu´un établissement financier se révèlerait dans l´incapacité de faire face à ses engagements». Mais en quoi, direz-vous, cela nous intéresse-t-il? D´abord parce que il y a des déposants dans les banques françaises et des déposants dans leurs filiales en Algérie. Il y a le déposant français et le déposant algérien. Tout indique cependant que Sarkozy ne pense qu´au déposant français. C´est vrai que notre retard dans le domaine bancaire et financier nous aura sauvés. C´est vrai que le remboursement anticipé de la dette a été génial. C´est vrai que le gel de la privatisation des banques publiques a été décidé in extremis. C´est vrai que l´Etat a su éviter les fonds souverains malgré la pression coupable de certains milieux. Tout cela est vrai. Mais il est aussi vrai que la crise est mondiale et que nous faisons partie de ce monde. Que nos ressources proviennent de l´énergie que nous fournissons précisément à ce monde. Que nous sommes payés en dollars. Que nous achetons en euros. Que nous sommes liés par un accord d´association avec l´Union européenne. Que nous avions cru un moment aux IDE pour nous développer. Que des Algériens qui ont déposé leur argent dans les filiales algériennes de banques étrangères risquent gros si demain ces banques étaient touchées par la crise. Enfin, nous ne sommes pas actifs dans le système financier international mais nous n´en sommes pas totalement absents pour autant. Si le monde entier est dans le cirage le plus total et ne sait plus comment s´abriter de la tempête financière, qu´en est-il chez nous? Qui peut rassurer les citoyens que nous sommes? Nous dire ce qui nous attend? Où sont nos experts en fonds souverains pour nous disséquer la crise mondiale? Où sont les experts en économie du savoir pour nous dire les mesures de protection à prendre? Où sont nos experts en intelligence économique pour nous dire quand le «cyclone financier» sera près des côtes algériennes? Ou bien alors, doit-on fermer les yeux, nous boucher les oreilles et attendre que le ciel nous tombe sur la tête? A ce moment, tous nos «experts» sortiront de leur tanière pour soutenir qu´ils savaient et que ce sont les autres qui ne savaient pas. Malheureusement, la contrefaçon touche même le domaine de la science, du savoir et de l´intelligence. Avec ça nous sommes mal barrés pour le big-bang financier en vue.