A défaut d´être invitée au Sommet du G20, l´Afrique s´est réunie seule. Les ministres africains de l´Economie, des Finances et les gouverneurs des Banques centrales du continent se sont retrouvés, hier à Tunis, pour débattre des conséquences de la crise financière sur leurs économies. L´Afrique sera la grande absente au Sommet de Washington. Seule l´Afrique du Sud est invitée au Sommet de Washington. Non pas comme voix de l´Afrique, mais en tant que pays émergent. Ainsi, le règlement de la crise financière se fera sans l´Afrique. Paradoxalement, lors d´une réunion préparatoire, le 8 novembre dernier, à Sao Paulo, le G20 s´est engagé à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour restaurer la confiance et pour donner une plus grande place aux pays en développement dans les affaires économiques mondiales. Le continent noir n´a pas eu le droit de parole. Une situation qui provoque une pseudo-colère des dirigeants africains. Pourtant, la majorité de ces dirigeants n´ont eu de cesse de clamer que la crise financière pourrait se révéler une chance pour l´Afrique dont le secteur bancaire est quasiment exempt de tout risque systémique du fait d´une régulation en la matière alors communément jugée excessive et conservatrice. Cependant, l´Afrique est loin d´être à l´abri d´une récession mondiale en dépit de l´abondance de ses ressources en minerais et en hydrocarbures. Les grandes décisions sont prises sans l´Afrique. La refonte du système financier mondial se fera sans le continent noir. L´Afrique a aujourd´hui, peur. Le réveil est dur. La crainte de voir le flux des investissements étrangers se tarir, se fait de plus en plus pressante. La situation n´est pas plus rassurante en Europe. L´aide au développement se trouve aujourd´hui hypothéquée par la crise financière. Sentant son isolement s´accentuer, l´Afrique, tout en exigeant une voix au chapitre, veut, enfin, se prendre en charge. «Nous sommes réunis pour un conseil de guerre», a lancé, hier à Tunis, le président de la Commission de l´Union africaine (UA), Jean Ping. Et d´ajouter: «nous sommes aussi en guerre contre nous-mêmes (...), notre silence assourdissant, notre lenteur à nous organiser». A moins d´un regain de tensions politiques dû à la guerre de leadership et une corruption endémique, l´Afrique restera toujours un enjeu dans le meilleur des cas. Car ses propres dirigeants n´ont jamais développé une vision unitaire qui déboucherait sur autre chose que la constitution d´une bureaucratie dont la seule mission consiste à gaspiller les rares ressources de l´Afrique.