C´est fou les compétences algériennes qui traînent leurs savates un peu partout dans le monde, qui communiquent leur(s) savoir(s) aux petits Américains, Canadiens, Européens et autres Japonais, alors que les universités algériennes ont du mal à trouver ce personnel hautement qualifié pour superviser leurs promotions! Or, ces «perles exceptionnelles» algériennes sont très rares en Algérie, mais, paradoxe, prolifèrent à l´étranger. Ils sont ainsi des centaines, sans doute des milliers d´Algériens qui professent dans les universités américaines et européennes - faisant le bonheur de leurs étudiants - travaillent dans les centres de recherche scientifique, participent au développement de leurs pays d´accueil respectifs, lesquels se félicitent de leur collaboration, quand l´Algérie désespère de trouver ces «têtes bien faites» qui puissent contribuer à assurer son développement. Ce n´est là en fait que l´une des bizarreries qui ont jalonné le parcours de l´Algérie depuis son Indépendance. Une Algérie qui a formé, à coups de milliards, des dizaines de milliers d´universitaires dont les puissances économiques et industrielles occidentales tirent tout le profit, cela à peu de frais. Ce n´est sans doute, aussi, que l´un des nombreux malentendus qui caractérisent et ont caractérisé le développement d´un pays marqué durant de longues décennies par la pensée unique, où l´intelligence n´avait pas, à l´évidence, la place qui devait, qui aurait dû être la sienne. Aussi, ne jetons pas, trop vite, la pierre à ces intellectuels algériens qui ont dû s´expatrier à l´étranger pour faire valoir leurs compétences. Et c´est de compétence dont il s´agit justement lorsque des experts algériens basés à l´étranger et dans le pays décident uniment d´unir leur savoir pour, peu ou prou, aider ce pays à sortir du récurrent sous-développement qui l´enserre dans sa gangue. Il est patent que l´Algérie ne tire aucun profit des compétences qui sont celles de ses fils et filles exilés à l´étranger. Aussi, comment cette intelligentsia basée à l´étranger pourrait-elle apporter le savoir-faire, ce «know how» dont le pays a énormément besoin? C´est sans doute la question à laquelle seront appelés à répondre les universitaires et hommes d´affaires algériens (basés à l´étranger et de l´intérieur) qui se sont organisés en «Association des compétences algériennes» (ACA), laquelle organise, à la mi-décembre, un colloque sur le «transfert du savoir-faire et le développement économique». Une initiative qui est à souligner en ces temps de vaches maigres en matière de développement. Sans doute aussi, l´ACA ne doit-elle pas s´arrêter à cette première expérience de rencontre multilatérale entre les compétences algériennes établies à l´étranger et au pays, mais aller plus loin en inscrivant son action sur le long terme en créant une sorte de think thank algérien. Un think thank (groupe de recherche) capable de formuler des stratégies de développement ou donner des pistes de réflexion et de recherche - au gouvernement, aux entreprises et universités algériens - afin de concourir à faire sortir l´industrie, l´agriculture, pour tout dire la production algérienne, du marasme et de l´improductivité chronique que l´Algérie traîne comme un boulet, car incapable d´atteindre l´autosuffisance et restant, dangereusement, dépendante des importations. Aussi, un transfert de savoir-faire n´a de sens que s´il donne aux potentialités algériennes locales de demeurer sur place et de participer activement et directement au décollage économique du pays afin de mettre un terme à cette dépendance des seuls hydrocarbures. Et c´est en cela, seulement en cela, que les compétences algériennes établies à l´étranger seront alors utiles à l´Algérie.