La loi de finances a été signée hier, par le président de la République en présence du gouvernement au grand complet. On n´a pas failli à la traditionnelle photo de famille. Il fallait immortaliser l´événement. Une cérémonie certes, protocolaire. Cette année elle porte une autre empreinte. Celle de l´appel à l´austérité. La raison est simple. L´économie mondiale est entrée en récession, plombée par une crise financière internationale sans précédent, si l´on fait fi de celle de 1929. A l´instar de toutes les économies mondiales, l´économie nationale en a ressenti les effets. En Algérie, elle s´est manifestée à travers la sévère dégringolade des prix du pétrole. Après moult hésitations suivies de déclarations rassurantes qui n´ont convaincu personne, les pouvoirs publics ont bien voulu se rendre à l´évidence. La crise financière internationale frappera aussi en Algérie. Ses répercussions seront de moindre importance sur l´économie algérienne, veulent faire croire à qui veut l´entendre Karim Djoudi et Mohamed Laksaci, respectivement, ministre des Finances et gouverneur de la Banque d´Algérie. Abdelaziz Bouteflika, au moment où on l´attendait le moins, s´est frayé une place dans le débat. Son intervention fut fracassante et sans détours. «La crise financière actuelle est féroce. Elle n´épargnera pas l´Algérie», avait tenu à souligner le chef de l´Etat. La cause étant entendue, il n´était plus nécessaire de chipoter et continuer à tourner autour du pot. Et c´est donc tout à fait logiquement que le président de la République a laissé entendre que le moment de se serrer la ceinture est arrivé. A ce rythme-là, ce sont de bretelles que les Algériens devront se munir. «Avec la crise mondiale, qui ne concerne pas seulement l´Algérie, nous sommes face à des années de vaches maigres», a tout récemment déclaré le chef de l´Etat. Doit-on comprendre par là que ce sont des années de disette qui nous attendent? Le temps des pénuries et des souks el fellah est révolu. Depuis, les Algériens ont traversé tant de crises. Quant à l´opulence, ils peuvent encore continuer d´espérer. Sans crier famine, ils ne cessent de tirer la langue pour joindre les deux bouts. Crise du lait, crise de la pomme de terre, flambée des prix des produits de consommation (huile, sucre, café...), l´Algérien survit. Comble de l´histoire. L´économie algérienne repose sur un matelas en devises qui est estimé à quelque 140 milliards de dollars. Et ce n´est toujours pas le Pérou. La faute à qui? Sans doute pas à cette rente pétrolière que d´aucuns déclarent qu´elle est mal redistribuée. Certains audacieux n´ont pas hésité à se servir. «On n´est jamais mieux servi que par soi-même», dit le vieil adage. Les élus du peuple mieux que quiconque l´ont appliqué à la lettre. Ils ont même anticipé les conséquences de la crise financière sur l´économie algérienne. Ils ont voté une mensualité de plus de 300.000DA qui leur permettra de voir venir des jours meilleurs. C´est sans doute l´événement qui aura marqué l´actualité nationale de l´année 2008. Un coup de poignard dans le dos pour les électeurs qui les ont propulsés au sein de l´enceinte du palais Zighoud Youcef. Autant dire qu´ils auront voté pour des prunes.