Qu´attendent les Algériens du prochain mandat présidentiel? C´est une question, c´est la question que doivent, si ce n´est déjà fait, se poser logiquement les candidats et les responsables de leur campagne électorale. L´électeur de 2009 a des attentes claires, nettes et précises. Il sait ce qu´il veut et ce qu´il ne veut pas. Voilà 20 ans qu´il est «parabolé». Qu´il sait ce qui se passe dans le monde entier. Qu´il connaît les problèmes vécus par les autres peuples. Qu´il voit comment leurs dirigeants tentent d´y apporter des solutions. Par satellites, il a donc bénéficié d´une formation pluridisciplinaire certaine qui lui permet aujourd´hui d´avoir sa propre idée sur chacun des hommes politiques et du message qu´il porte. Ceux des candidats qui pensent mener leur campagne électorale, comme par le passé, avec des discours creux, des promesses imprécises ou la «récitation» des difficultés vécues par les citoyens, n´auront rien compris à la profonde mutation qui s´est opérée ces 20 dernières années. Au-delà de cette formation via le petit écran, l´Algérien de 2009 a des intérêts plus personnels à défendre et à faire fructifier. L´accession à la propriété qui lui était interdite longtemps après l´Indépendance, ainsi que l´accumulation des salaires, du plein emploi de la même époque, qui ne servait à rien face aux pénuries, l´ont rendu boulimique dès qu´il s´agit de possession de biens. En réalité, toutes ces privations ne datent pas seulement de la libération du pays. Elles étaient encore plus horribles tout au long de la colonisation. Voilà pourquoi, aujourd´hui, l´Algérien est exigeant jusqu´à la démesure. Une démesure qu´on peut essayer de tempérer, mais ne jamais condamner, vu les causes. Un exemple parmi d´autres: depuis quand l´héritage fait partie de la vie des Algériens? Depuis quand les cabinets de notaires sont aussi fréquentés que ceux des médecins? Depuis quand des familles sollicitent les tribunaux pour les départager dans la succession? Tout ceci pour dire que l´Algérien de 2009 n´est plus celui qui, hier, pouvait se contenter d´un morceau de galette et d´un peu d´eau. Il veut plus. Il veut tout, ici et maintenant. C´est dans la nature humaine. Privations égale frustrations égale excès. Cet Algérien d´aujourd´hui veut du «melmouss», du concret. Pas de ces histoires pour endormir des enfants au sommeil difficile quand on ne leur a rien donné à manger. Les candidats que cet Algérien écoutera seront ceux qui lui expliqueront les solutions qu´ils comptent apporter aux problèmes qui restent à régler. Par exemple, comment consolider la paix dont on commence à peine à apprécier le goût? Comment se débarrasser, une fois pour toutes, de la bureaucratie qui nous empoisonne l´existence? De la corruption qui nous ronge? Comment obtenir cette sécurité alimentaire sans laquelle notre souveraineté est menacée? Les solutions existent. Rien n´est impossible. On a bien résolu le problème de l´eau. Celui de l´endettement du pays. On a bien trouvé le rythme qu´il faut dans la construction de logements? On a bien fini par comprendre la nécessité de développer les voies de communication? Et on en passe! Les candidats qui se hasarderaient, au cours de la campagne, avec un discours d´un autre âge, creux, construit seulement sur la magie des mots, du constat, des promesses sans consistance ou de la flagornerie, ces candidats-là s´apercevront au dépouillement, qu´ils se sont trompés de société. Sans aucune allusion.