«Il ne fait pas de doute qu´aucune nation, y compris Israël, ne peut rester les bras croisés lorsque sa population est soumise à des tirs de roquettes», a martelé la chef de la diplomatie américaine en visite hier à Tel Aviv. Certes! Mme Clinton aurait été plus crédible si elle avait ajouté «Mais aucune nation, y compris les Palestiniens, ne peut accepter qu´une puissance étrangère construise sur son territoire des colonies de peuplement». Elle ne l´a pas dit. Hélas! Or, toute la problématique est là: la sécurité d´Israël présentée comme un leitmotiv fait fi des droits tout aussi sacrés des Palestiniens à leur propre sécurité et à un Etat. Mme Clinton a encore dit: «Il est important que les Etats-Unis soulignent toujours leur soutien inébranlable et durable à l´Etat d´Israël» et leur «engagement indéfectible à la sécurité d´Israël». Que les Etats-Unis confirment leur «soutien inébranlable» à Israël cela va de soi, et ne donne pas lieu à commentaire, mais on aurait souhaité voir Mme Clinton nuancer son propos et dire aux Israéliens que la sécurité de l´Etat hébreu ne peut se faire aux dépens des Palestiniens, qui ont tout aussi droit à un Etat comme tous les peuples de la terre. Là aussi, notons, à défaut de le regretter, que Mme Clinton s´est gardée de parler des droits du peuple palestinien s´en tenant à l´antienne de la sécurité d´Israël. Or, comment peut-on envisager des négociations et, a fortiori, la paix et la sécurité dans cette région lorsque le gouvernement israélien annonce le prochain doublage de la capacité d´accueil des colonies juives implantées en Cisjordanie? Tout cela va à contre-courant du processus de paix censé rétablir les Palestiniens dans leurs droits par l´érection de deux Etats: la Palestine et Israël. Cette vision de deux Etats, expliquée en son temps par l´ancien président américain, George W.Bush, et officiellement adoptée par la conférence internationale d´Annapolis qui s´est tenue aux Etats-Unis, en novembre 2007, est battue en brèche par les menées israéliennes dans les territoires palestiniens qui tendent à créer une condition irréversible propice à rendre l´édification d´un Etat palestinien inapplicable, à la lumière de la situation induite sur le terrain. Certes, l´ex- First Lady américaine a eu le mérite de rappeler, lors d´une conférence de presse, qu´«au final, oeuvrer à une solution de deux Etats est inévitable», sans cependant insister outre mesure sur le fait, qui reste le point angulaire de toute solution au conflit du Proche-Orient, le retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens. Or, la judaïsation de Jérusalem-Est, l´expansion des colonies de peuplement juives, la construction en Cisjordanie d´un mur qui morcelle en plusieurs îlots la Cisjordanie, rendent aléatoire et invraisemblable toute tentative de mise en oeuvre d´un improbable accord israélo-palestinien. En effet, un tel accord sera fondé sur quoi? Sur quelles données et que peuvent en espérer les Palestiniens? De fait, le président palestinien Mahmoud Abbas conditionne, à juste raison, son retour à la table de négociations par l´arrêt des constructions de colonies et du mur comme de la judaïsation de Jérusalem-Est, notamment. A contrario, on note depuis la conférence d´Annapolis, qu´Israël a accéléré les constructions de logements dans les colonies juives, parallèlement à la judaisation de la Ville Sainte. Le moins qui puisse en être dit est que tout cela ne travaille ni pour la paix et encore moins à la sécurité d´Israël brandie comme un épouvantail. D´autant plus que Mme Clinton a pris en compte les seules préoccupations d´Israël, faisant l´impasse sur les droits des Palestiniens. En outre, Mme Clinton brandit à la face du Hamas les accords d´Oslo (1993) sans, curieusement, les rappeler à Israël. Ce qui n´augure rien de bon pour le dossier israélo-palestinien.