Le pape Benoît XVI vient de se prononcer pour l´avènement de l´Etat palestinien «souverain». S´adressant à Mahmoud Abbas, il lui dit: «Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins». Le «deux Etats vivant côte à côte» est ainsi devenu le leitmotiv de la communauté internationale, réitéré également par le secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, lors de la réunion ministérielle sur le Proche-Orient. Ces déclarations récurrentes viennent après la réaffirmation par Barack Obama - lors d´une récente visite en Europe et en Turquie - de la solution de «deux Etats»: Israël et la Palestine. Le consensus est, aujourd´hui, quasi universel pour dire que le retour à la paix et à la sécurité pour les peuples du Proche-Orient reste lié à la création de l´Etat palestinien indépendant. Il a fallu certes du temps pour que la communauté internationale s´imprègne de cette évidence. Mais ne vaut-il pas mieux tard que jamais? Les Palestiniens attendent depuis 60 ans de pouvoir proclamer, enfin, l´Etat de Palestine. Il y a un hic toutefois, l´opposition d´Israël à un tel objectif qui entre de plain-pied avec la résolution 181 II du 29 novembre 1947 portant partage de la Palestine historique, donnant naissance à un Etat arabe (toujours en devenir) et un Etat juif. Soixante ans après, seul l´Etat juif à vu le jour après une première violation par les Israéliens de la résolution 181 II qui ne devait entrer en application qu´une année après son adoption par le Conseil de sécurité. Or, en proclamant son Etat (en mai 48), six mois avant les délais impartis, Israël, déjà, ne tenait plus compte du «Machin», dixit De Gaulle, et bafouait cette décision, les Israéliens ayant obtenu de l´ONU ce qu´ils voulaient. Depuis, 1948 en fait, l´Etat hébreu n´a respecté ni appliqué aucune des résolutions induites par le conflit israélo-arabe et israélo-palestinien. Bien plus, Israël - seul contre le monde, s´oppose à la création de l´Etat palestinien - s´arroge le droit de disqualifier le Conseil de sécurité et/ou tout autre institution, qui ne se soumet pas à ses vues et options quant à une issue au conflit. Prétention réitérée mercredi dernier, dans une déclaration à la presse, par la représentante de l´Etat hébreu à l´ONU, Gabriela Shalev, selon laquelle «Israël ne croit pas que l´implication du Conseil de sécurité contribue au processus politique au Proche-Orient». «Ce processus, ajoute-t-elle, doit être bilatéral et laissé aux parties elles-mêmes.» En clair, il faut laisser Israël seul maître de la décision pour tout ce qui touche au Proche-Orient. Plus. Dans une dernière manoeuvre de diversion, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait lundi au Caire que «l´urgence» c´est le nucléaire iranien, tentant de lier une solution du conflit israélo-palestinien à cette question, en estimant que le «programme nucléaire iranien est l´obstacle majeur à la paix au Proche-Orient». Or, si Washington admet que les «ambitions nucléaires» de l´Iran posent «une menace existentielle» pour Israël, il a été en revanche souligné l´importance de «renforcer la nécessité de la paix et d´une solution à deux Etats avec les Palestiniens», comme l´indiquait dimanche le général James Jones, responsable américain proche du dossier. Or, outre d´écarter la création d´un Etat palestinien, Israël poursuit dans le même temps la judaïsation de Jérusalem-Est, continue la colonisation de la Cisjordanie et la construction du mur de séparation, tout en affirmant «vouloir reprendre» les négociations avec les Palestiniens. Pour négocier quoi? Quelle paix, pour quel Etat? Au vu de ces derniers développements, il est patent que si obstacle à la paix il y a, c´est bien Israël. Aussi, il appartient à la communauté internationale d´agir en conséquence.