75 agressions et 5 décès pour la première semaine du ramadan. Le ramadan a connu une nette progression des actes de délinquance. Les bandes organisées, ayant délimité les contours de la stratégie de lutte contre la violence urbaine, mise en place depuis la saison estivale, sont reparties à l'assaut du citoyen et de sa quiétude. Les marchés, tout comme certains quartiers de la ville, sont devenus de véritables espaces d'insécurité. Les agressions à main armée, les vols à la sauvette ou encore les vols avec violence ne se comptent plus. Au marché de l'Usto, on joue du couteau facilement. Depuis le début du ramadan 4 citoyens y ont laissé la vie et chaque jour que Dieu fait des ménagères se font voler au vu et au su de tout le monde. Pour la seule première semaine du mois de ramadan, 75 agressions ont été enregistrées au niveau du tissu urbain et 5 décès ont été enregistrés au niveau de la médecine légale. De nouvelles formes de violence ont vu le jour. Il y a moins d'un mois, les passagers d'un bus de la ligne U avaient été pris en otage par une bande de malfaiteurs et ils durent, sous la menace d'armes blanches céder tous leurs biens (argent, bijoux). Il y a quelques jours, un chauffeur de taxi a été agressé en plein jour à la station de Yaghmoracen. Si par le passé, on avait imputé la montée de violence aux vagues de prisonniers élargis dans le cadre de la grâce présidentielle, pour cette fois, les causes sont à rechercher ailleurs. Certes des patrouilles mobiles de la Bmpj sillonnent la ville, mais leur présence, jugée dissuasive au départ, n'a plus d'impact sur les malfaiteurs qui connaissent parfaitement la topographie du centre-ville et peuvent s'évanouir dans le dédale des ruelles une fois leur forfait accompli. Maintenant, la violence a même atteint des quartiers qui étaient réputés calmes. Toute la ville est gangrenée par ce fléau qui a pris de l'ampleur. Récemment, quelques minutes avant la rupture du jeûne, le quartier périphérique de Batimate Taliane avait été envahi par deux bandes de jeunes, armées de couteaux et de sabres, qui voulaient en découdre. Les policiers sont arrivés trop tard. Mieux encore, un seul véhicule était venu en éclaireur. La même mésaventure a été vécue par les habitants de la cité Amirouche (ex-Perret), contraints, un jour, de subir la loi de deux gangs, versés dans le trafic de la drogue, qui avaient choisi cette cité pour régler un différend. La drogue circule au grand jour et les dealers ne se cachent plus pour fourguer leur marchandise. Une virée du côté du marché de M'dina Jdida, quelques minutes avant la rupture du jeûne, permet au premier venu de voir comment les barres de kif traité sont négociées et comment elles changent de main. Il est maintenant clair que les bandes de malfaiteurs ont plus d'audace. Rassurés par un dispositif sécuritaire de la ville, elles ont trouvé les failles capables de leur permettre de frapper, où, quand et comme elles veulent. Il paraît clair aujourd'hui de revoir la stratégie de sécurisation de la ville. Une présence discrète, des voitures banalisées, un réseau d'informateurs et des équipes mobiles feraient mieux qu'une patrouille motorisée de la Bmpj qui se pointe sirènes hurlantes. Aujourd'hui, avec la dégradation des conditions sociales et la mal vie qui ont obscurci les horizons des jeunes, il faudrait trouver de nouveaux moyens de lutte contre la délinquance, réprimer et savoir comment le faire, éduquer et surtout réimpliquer le citoyen dans la lutte contre la délinquance grâce à un téléphone vert ou à des mécanismes souples qui ne pénalisent pas les bonnes volontés. Si l'Algérie n'a pas plié devant le terrorisme, c'est parce que les efforts de tous ont été nécessaires et pour éviter que la délinquance et la violence urbaines ne soient une fatalité, il est urgent de prendre le taureau par les cornes.