Il y a comme un défaut à lire et à écouter les réactions des partis politiques algériens suite aux derniers événements induits par le match, devenu ô combien fameux, entre l´Algérie et l´Egypte. Les Egyptiens ont été de mauvais perdants au sens propre et au sens figuré, dépassant délibérément ce qui aurait dû demeurer dans le strict cadre sportif. Cela n´a pas été le cas quand commentateurs, analystes et même officiels s´en sont pris à l´Algérie, à son peuple, à son histoire, et summum de la bêtise, à la manière de parler des Algériens. Il n´y eut pas que les chaînes satellitaires qui ont déversé leur venin sur le pays du million et demi de martyrs, nous contestant même notre combat pour la libération, mais également la très officielle «Misria» (équivalente de notre Unique). Cela, sans trop nous appesantir sur les propos venimeux de Aala Moubarak, fils aîné du président Moubarak qui traita les Algériens de «mercenaires» et de «terroristes», ou ceux de Gamel Moubarak, numéro 2 du parti au pouvoir (le PND, Parti national démocratique) et probable postulant à la succession de son père, le président, qui n´ont fait qu´envenimer les choses. Sans ajouter de l´huile sur le feu, on peut s´interroger: y a-t-il en Egypte des voix plus officielles que celles des fils du Rais? Qu´y a-t-il de plus officiel qu´un tribunal égyptien qui veut entendre Hachemi Djiar et Mohamed Raouraoua, notre ministre de la Jeunesse et des Sports et président de la FAF? Que dire des déclarations de nombreux ministres égyptiens, notamment celle du président du Conseil national des Sports (équivalent de notre ministère de la Jeunesse et des Sports)? Où sont, où étaient donc nos partis politiques quand des propos d´une aussi grande gravité, qui appelaient une tout autre réaction de la part des représentants du peuple, ont été dits, lors desquels l´Algérie et son peuple ont été diffamés, insultés, traités plus bas que terre, lorsque des avocats égyptiens et des médecins, censés de par leur position savoir raison garder, ont creusé un peu plus le fossé entre nos peuples, brûlant publiquement l´Emblème national; lorsque des intellectuels se sont mis de la partie alimentant la fitna entre l´Egypte et l´Algérie? Il ne s´agit pas de mélanger le sport et la politique, mais à l´évidence, dès lors que l´honneur de l´Algérie est attaqué, que l´on remet en cause notre historicité, que l´on traîne dans la boue ce qui nous est le plus cher dans ce pays, il y a lieu de savoir dire: Assez! Nos hommes politiques, contrairement au peuple, n´ont pas su saisir les enjeux d´une partie qui a largement dépassé et débordé ses seules donnes sportives. De ce point de vue, il est patent de relever qu´il y a effectivement rupture entre le peuple algérien et ses «représentants», totalement en déphasage par rapport à la réalité. Si les dires des fils Moubarak n´ont rien d´officiel, ou ne représentent pas toute l´opinion égyptienne - c´est même certain -, il n´en demeure pas moins que nous aurions apprécié que les «politiques» algériens montent au créneau et défendent l´honneur de leur pays. Quitte à le faire à titre personnel. De toutes les façons, au plan diplomatique, seule l´action du président de la République engage officiellement l´Algérie. Fallait-il tendre l´autre joue aux Egyptiens - pour ne pas mécontenter nos «frères» du Nil? - en tentant de minimiser des événements qui ont mis à nu les sentiments de l´intelligentsia égyptienne envers l´Algérie? Quelle valeur donner à un consensus qui se fait sur le dos du peuple algérien? On a porté atteinte à la dignité de 35 millions d´Algériens, fallait-il porter tout cela par pertes et profits juste pour conserver des relations de façade, sans consistance quand tout n´est pas au mieux entre les deux pays? Non, ce qui s´est passé au Caire - chasse et intimidation des Algériens, nos cinéastes (participants au Festival du film du Caire) quasiment mis à la porte - interpelle directement ceux-là mêmes qui font fonction d´intermédiaire entre le pouvoir et le peuple. C´est-à-dire les partis politiques. Même sans aller à la rupture des relations diplomatiques avec l´Egypte, il n´en reste pas moins que quelque chose est désormais cassé, la confiance n´étant plus ce qu´elle avait été avec un pays qui se qualifie, à tout le moins à tort, d´«Oum Edounia». La question est prioritairement destinée à ceux censés répercuter les attentes du peuple: doit-on se taire quand notre pays, notre Emblème national, nos martyrs, notre Révolution sont malmenés, brûlés, piétinés? Certes non! Peut-on se taire lorsque tout ce que l´Egypte compte de plumes, d´intellectuels, d´hommes de droit, mène l´offensive contre l´Algérie? Nos partis doivent méditer ces fortes paroles du romancier français, Pierre Drieu de la Rochelle qui écrivait justement: «Le vrai patriote s´inquiète, non du poste qu´il doit occuper dans la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations.»