Le Premier ministre nigérien est en visite en Algérie. Sa présence, dit-on dans les milieux officiels, «s´inscrit dans le cadre des derniers développements intervenus dans la région». De quoi s´agit-il au juste? Pour les Etats-Unis et l´Union européenne, le président nigérien Mamadou Tandja s´est mis dans une position politique «incorrecte». Il a organisé un référendum pour réviser la Constitution en vue de prolonger la durée de son second mandat qui arrive à expiration le 22 décembre prochain. Ce qui ne semble pas être du goût des autorités françaises. C´est que toute la politique française en Afrique a changé. Au Sahel plus particulièrement où est agité, comme un épouvantail, le spectre de la branche d´Al Qaîda au Maghreb. Elle vient, dit-on, d´enlever un Français au Mali et trois Espagnols en Mauritanie. Aussitôt, la France demande à ses ressortissants de quitter le nord et l´est du Mali ainsi que le nord du Niger. Jugeant la décision excessive, le président du Mali Amadou Toumani Touré trouve qu´«il n´y a pas plus d´insécurité dans la zone du Sahel qu´il y en a dans les banlieues parisiennes». En réalité, la politique africaine de Sarkozy n´a rien à voir avec celle de Chirac. Aujourd´hui, le Sahel est sous la menace des groupes terroristes d´Al Qaîda et du mécontentement de la France. Pas seulement, car l´Union européenne s´est aussi mise de la partie. Ne voulant pas laisser le champ libre aux Américains, l´Union européenne a aussitôt dépêché une troïka dans la région. Histoire de ne pas laisser seuls les Américains dont le général de l´Africom qui était à Alger tout récemment. Visiblement, tous les moyens sont bons pour créer le contexte favorable à une agitation dans la région. Parmi ces moyens, il y a, bien sûr, même si ce n´est pas le seul, l´arme économique. D´où l´arrêt des aides occidentales. C´est cela qui motive l´arrivée du Premier ministre nigérien dans notre pays. L´accueil très chaleureux de la délégation par notre Premier ministre Ahmed Ouyahia et les travaux qui ont suivi entre les deux délégations, démontrent clairement que l´Algérie est prête à aider les pays du Sahel dans leur développement. Cependant et face à cette nouvelle conjoncture, les Nigériens ne devraient pas rester sans réaction devant une attitude d´hostilité comme celle de la France qui détient malgré tout le marché de l´uranium du Niger. Cela est peut-être déjà en cours puisque nous avons appris que des hommes d´affaires russes ont séjourné au Niger en vue de prospecter les possibilités d´investissements dans ce pays. Les pays du Sahel sont en mesure de régler leurs problèmes eux-mêmes. Comme l´a si bien rappelé M.Messahel à la troïka européenne. D´ailleurs, la France ne sait plus quelle décision prendre au sujet de son dispositif militaire au sud du Sahara. Le maintien de ses troupes en Afrique coûte à la France près d´un milliard d´euros chaque année. Une dépense qui pèse de tout son poids dans le contexte de crise actuelle. Quoi qu´il en soit, l´Algérie déploiera tous ses moyens pour contrer le terrorisme et tout ce qui peut le favoriser, que ce soit à ses frontières est, ouest ou sud. Les pays du Sahel l´ont bien compris eux, qui se tournent vers la capitale algérienne.