Le dialogue entre pouvoir et opposition au Niger visant à sortir d'une longue crise est suspendu jusqu'à mardi, en raison des fêtes de Noël. L'annonce a été faite par le médiateur de la Cédéao, qui a ajouté que la voie du dialogue a des chances d'aboutir, malgré des difficultés. Une source de l'opposition a confirmé en indiquant que des progrès avaient été faits concernant l'ordre du jour de ces délicates négociations. Pour l'opposition, ces vacances de Noël, dictées par la présence autour de la table des négociations de personnalités de confession chrétienne, permettront aux parties en présence de revenir avec des propositions écrites de sortie de crise, après s'être entendues en plénières, mais à huit clos. Ce dialogue avait été entamé lundi, puis interrompu deux jours après par le camp présidentiel en protestation, avant de reprendre pour annoncer tout de suite après la suspension pour permettre aux chrétiens de célébrer la fête de la nativité du Christ. En réalité, soumis à des pressions internationales, le gouvernement s'était ravisé pour faire preuve de disponibilité, à la satisfaction de l'opposition qui espère sortir le pays de la crise qui prévaut depuis que le président Mamadou Tandja a obtenu, par l'adoption contestée d'une nouvelle Constitution, en août, une rallonge de son mandat. Son deuxième quinquennat expirait initialement le 22 décembre. Et ce n'est qu'après l'intervention des Etats-Unis que Tandja a reculé. Le président américain Barack Obama a supprimé le Niger de la liste des pays africains pouvant bénéficier d'un partenariat commercial privilégié avec les Etats-Unis, a annoncé en fion de semaine la Maison-Blanche. Les Etats-Unis ont imposé des interdictions de voyager à certains membres du gouvernement nigérien et suspendu leur assistance non humanitaire à ce gouvernement en raison "de l'insistance du président Mamadou Tandja à vouloir prolonger son mandat". Le communiqué ajoute cependant que les Etats-Unis continueraient à apporter leur soutien et leur amitié au peuple du Niger et veilleraient à reprendre toutes les formes d'assistance suite au rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger. L'avertissement est clair : Washington soutiendra l'opposition. Washington n'a pas caché sa réclamation : le départ du pouvoir du président Tandja. Tandja, au terme de ses deux mandats, avait dissous en mai-juin le Parlement et la Cour constitutionnelle qui s'opposaient à son projet de référendum qui lui a ouvert un autre mandat. L'opposition a dénoncé un coup d'Etat et, suite à des législatives controversées le 20 octobre, la Cédéao a suspendu le Niger, accusant Niamey de violer des textes communautaires sur la démocratie. L'opposition dit n'avoir qu'un seul objectif : contraindre le gouvernement à revenir à l'ordre constitutionnel normal. Et elle estime avoir des atouts. Premier atout : l'adhésion de larges pans de la population. Il y a une synergie des différentes forces en présence, qu'elles soient politiques, syndicales, associatives, médiatiques. Les électeurs ont boudé les urnes. Le PNUD a accrédité un taux de participation de 8%. Second atout : le soutien ferme de la communauté internationale, le scrutin de Tandja a entraîné la suspension de l'aide au développement de l'Union européenne en novembre et aujourd'hui des Etats-Unis. L'Union africaine a protesté et la Cédéao a suspendu le Niger de ses instances en attendant le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays, tout en engageant les principaux acteurs de ce pays dans un dialogue pour résoudre la crise politique. Dans le monde, il n'y a que la France à soutenir Tandja, et encore du bout des lèvres. C'est elle qui l'a encouragé à violer la Constitution. Tandja, juste avant de franchir le pont, devait conclure avec Sarkozy de nouveaux accords sur l'uranium. Le Niger est parmi les principaux producteurs d'uranium.