Le président nigérien a prononcé la dissolution du Parlement, vingt-quatre heures après avoir été désavoué par la Cour constitutionnelle. La Cour, et c'est une première en Afrique, avait infligé un revers au président Mamadou Tandja en se prononçant contre la tenue d'un référendum institutionnel qui devait lui permettre de briguer un troisième mandat. La cour avait été saisie de la question le 11 mai par des députés opposés au projet. Le président Tandja, 70 ans, achève le 22 décembre prochain son second mandat à tête de l'Etat et, en l'état des règles institutionnelles, ne peut briguer un troisième mandat de cinq ans. Début mai, le président devait rompre le silence et annoncer juste après l'ouverture d'un dialogue avec le rébellion touareg et procéder à la signature avec le groupe français Areva d'un nouvel accord sur l'exploitation de l'uranium et au terme duquel le Niger deviendra le premier producteur mondial de ce minerai. Mamadou Tandja a annoncé répondre aux sollicitations de son peuple ! En la matière, il n'aura rien inventé. Mamadou Tandja a agi comme ses pairs africains pour lesquels la Constitution n'est qu'un simple parchemin amendable augré des ambitions des chefs d'Etat. Ensuite, il fait annoncer par son gouvernement l'organisation, avant la fin de l'année, d'une consultation populaire sur une nouvelle Constitution instaurant un régime présidentiel. L'objectif est au travers de ce bouleversement institutionnel d'éluder la question du viol de la Loi fondamentale. Le changement de régime occulterait un amendement sur la prolongation des mandats présidentiels. Avec l'instauration du nouveau régime, Mamadou Tandja restera magistrat suprême du pays sans avoir à s'empêtrer dans des explications. “Le président de la République ne saurait engager ou poursuivre le changement de la Constitution sans violer son serment”, lui a rétorqué la Cour constitutionnelle, dont l'avis n'est cependant pas contraignant. Au pouvoir depuis décembre 1999, Mamadou Tandja avait plusieurs fois promis de se retirer le 22 décembre 2009. Et pour justifier son revirement, il explique que le peuple lui demande de rester à la tête de l'Etat afin de parachever les chantiers en cours. Du déjà entendu ailleurs dans le continent et dans le monde arabe. Quelque 20000 personnes ont récemment manifesté à Niamey pour dénoncer ses intentions. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a prévenu la semaine dernière que Tandja risquait d'exposer son pays à des sanctions si le projet de référendum ne respectait pas la démocratie. En optant pour la dissolution du Parlement, le président Mamadou Tandja accélère le calendrier électoral : la Constitution prévoit que la nouvelle assemblée nationale doit être élue 45 jours au moins et 90 jours au plus après la dissolution de la précédente. Le mandat des députés s'achève cette année, et les élections législatives étaient prévues pour la fin novembre. Mamadou Tandja espère ainsi voir élue une assemblée plus docile qui votera comme une lettre à la poste son projet de révision constitutionnelle.