Fou! Epoustouflant! Les qualificatifs fusaient après la rencontre homérique entre Algériens et Ivoiriens qui, il est vrai, nous ont régalés d´un spectacle de haute facture. Mais qu´importe les qualificatifs, l´important, en fait, est que, en cette soirée footballistique, les Verts ont fait un match d´hommes, relevant une nouvelle fois le défi et se transcendant au-delà de leurs forces. Or, très peu, «d´experts», au lendemain d´un laborieux premier tour de la CAN, pariaient un pfennig sur les chances de l´Algérie. D´aucuns ont même évoqué la «baraka» pour expliquer la présence de l´Algérie à un tel niveau de la compétition. Mais la «baraka» seule, suffit-elle dans une compétition de longue haleine où il faut avoir le souffle long, la condition physique à point, outre les autres paramètres entrant en ligne de compte dans ce genre de challenges. Non! En cette journée du 24 janvier, les Verts auront surtout montré à la face du monde, singulièrement à ceux qui continuent à faire la fine bouche, que leur présence en cette finale du Championnat d´Afrique des Nations (CAN) et en juin à la Coupe du Monde (en Afrique du Sud), loin d´avoir été usurpée, est largement méritée. Les Algériens ont d´autant plus de mérite qu´ils ont été poursuivis tout au long des deux derniers mois par des blessures récurrentes mettant en stand-by nombre de ses cadres. Ils ne se sont pas plaints, car ils avaient du coeur et faisant montre d´un mental d´acier qui leur a permis de ne jamais dévier des objectifs tracés. L´un d´entre eux a été celui d´accéder aux demi-finales de la CAN. Aujourd´hui, c´est chose faite. Avec quel brio! Mais, nonobstant la production de très grande qualité fournie par les Fennecs, il y avait eu des commentateurs qui ont fait mine d´être surpris par la qualification des Verts. Surprise? Sans doute par rapport au nom «huppé» d´un adversaire, certes constellé de stars. On attendait la Côte d´Ivoire, on découvrit une Algérie plus que jamais maîtresse de son sujet dont la prestation a confondu plus d´un. Les Ivoiriens étaient certes talentueux, mais il leur a manqué cette âme, ce mental, qui ont fait la différence. Les Algériens n´étaient pas parmi les favoris, mais ils avaient du caractère et ont été exemplaires d´humilité et de courage. Un courage que résume parfaitement Chaouchi, qui a terminé le match avec un bandeau autour du corps (nous rappelant un Beckenbauer le bras immobilisé, lors de la Coupe du monde en 1974), qui a tenu à rester avec ses camarades malgré la douleur qu´il ressentait. En fait, depuis les tout premiers matchs de qualification jumelée pour le Championnat d´Afrique et la Coupe du Monde, les Fennecs ont entrepris de réécrire l´histoire d´un football algérien en rupture de ban et de lui redonner son lustre des années dorées de la réforme sportive. Une politique sportive rapidement abandonnée au moment même où elle commençait à donner ses fruits avec une première qualification de l´Algérie au Championnat du monde junior (Japon 1979) et un mémorable Mondial espagnol en 1982. Mais ceci est sans doute une autre histoire, quoiqu´elle mette en exergue le gâchis du sport algérien qui n´en finissait pas de sombrer dans les tréfonds de la médiocrité. Cela donne à réfléchir, car derrière les Fennecs - version Ziani et Consorts - qui ont donné du bonheur à tout un peuple, lui rendant sa fierté, c´est le vide sidéral. Ne nous y trompons pas. La chute n´en sera alors que plus dure au regard de la médiocrité du championnat national et en l´absence d´une relève du fait de l´inexistence de centres de formation et de l´amateurisme des dirigeants des clubs algériens. Il faut que les responsables (sportifs et politiques) du pays aient le même courage dont font montre les Verts dans leur campagne africaine. Aussi, il faut enfin songer à mettre à profit l´impact de ce tremplin fantastique - qu´est la chevauchée des Verts - pour redonner à notre football fond et dimension.