Cette quatrième confrontation entre le Brésil et la France a confirmé l'ascendant pris par les Tricolores sur les Cariocas. Qui attendait la France dans le dernier carré de la 17e Coupe du monde? Personne, en vérité, et personne n'aurait parié un pfennig sur Zidane et ses coéquipiers face aux champions du monde en titre. Pourtant, les grandes équipes et les grands joueurs ne meurent jamais. Ce qu'a démontré, collectivement le onze français et individuellement, le virevoltant Makelele, l'omniprésent Vieira et l'extraordinaire Zidane qui, comme par miracle, a ressuscité, retrouvant l'agilité de sa jeunesse, lui que l'on disait perdu pour le football et que l'on a voulu envoyer prématurément à la retraite. Face au Brésil, il brilla de mille feux, non seulement en donnant une passe liftée lumineuse à Henry, qui n'avait plus qu'à mettre son pied pour tromper le gardien brésilien Dida, mais aussi pesa de toute sa technique et sa vision de jeu pour mettre le onze français dans l'axe de la victoire. Toutefois, les premières minutes ont été laborieuses, les Français étant, durant le premier quart d'heure, archi dominés. Domination qui coïncidait, faut-il le souligner, avec le départ à tout le moins laborieux du maître à jouer français et de l'étoile montante, le jeune Ribéry qui fit un match plein et contribua grandement à la victoire finale de la France. De fait, le Brésil a raté le coche durant les 10 premières minutes lors desquelles au moins deux occasions nettes de scorer se sont offertes à Ronaldo et à Juninho qui ne surent pas les exploiter. La France plia sans rompre et, une fois la tempête brésilienne passée, revenait peu à peu dans le jeu sous l'impulsion d'un duo inspiré, Ribéry et Zidane lequel savait absolument tout faire balle au pied et qui s'est même payé le luxe de damner le pion aux Brésiliens dans leur propre domaine, celui du jeu court tout en finesse et un peu fou spécifique aux Cariocas, se jouant même de Cafu par un petit pont et une talonnade qui clouèrent le capitaine brésilien sur place. La France a su, de fait, imposer sa grande prégnance et son ordre à un Brésil, champion en titre, parti pour confirmer sa couronne et son hégémonie sur le football mondial. Mais un certain Zidane, et de «vieux» trentenaires (Thuram, Vieira, Makelélé) que l'on a un peu trop vite envoyés à la retraite ont en décidé autrement, démontrant, au passage, qu'ils avaient toujours faim et qu'ils ont encore les moyens d'aller plus loin. Car, cette victoire de la France, c'est d'abord celle de la solidarité de groupe mais aussi, surtout, celle d'un quatuor magique de «vieux» encore tous verts emmenés par un joyau qui se nomme Zidane. Le mérite d'Henry qui a été, de notre point de vue, quelconque et trop lourd -souvent mis en position de hors jeu- a été de conclure la magnifique ouverture de Zidane, pour la transformer en but. Si la France a finalement démenti tous les pronostics qui prédisaient la fin de son parcours au Mondial allemand -face aux Cariocas- la grande déception c'est, encore une fois, le Brésil peu convaincant, malgré une armada d'étoiles, et n'a, au bout du compte, rien montré pour gagner le droit de figurer dans le dernier carré. Le Brésil, maladroit, à l'image de Ronaldo qui s'est éteint après dix minutes acceptables, mais qui ne rappela à aucun moment le «phénomène» qui a fait le bonheur des amoureux du beau football bien léché ; noyé dans des dribles inutiles et peu productifs à l'image d'un Ronaldinho (meilleur joueur du monde 2006 (FIFA) -qui, décidément, a totalement raté son Mondial et ne montra pas grand-chose de son savoir- faire et de son génie qui sont pourtant immenses. Peut-être que le Brésil a-t-il trop compté sur le génie de quelques-unes de ses vedettes peu inspirées en cette soirée de quart de finale du Mondial allemand. Finalement, l'échec brésilien est collectif, comme l'a montré la supériorité sur tous les plans du milieu français (Makelele, Vieira -Ribéry , Zidane) qui a ratissé toutes les balles prenant la mesure et mettant sous l'éteignoir son vis-à-vis brésilien (Gilberto Silva, Ze Roberto - Kaka, Juninho). Le milieu français qui a été le fer de lance du onze tricolore depuis l'ouverture du Mondial a encore confirmé face au Brésil privant les avants cariocas des larges boulevards qui leur permettaient de développer leur jeu fait de passes courtes souvent incisives et décisives. Nonobstant le talent de sa composante qui reste absolu, le Brésil a, une nouvelle fois, montré ses limites face à une équipe française plus volontaire, très présente sur le terrain, qui perdit peu de balles et n'a pas eu peur d'aller au charbon. Les grandes équipes ne meurent jamais et la France et Zidane, quel que soit leur prochain résultat, à commencer par celui de mercredi contre le Portugal, entrent définitivement dans la légende du jeu à onze. C'est surtout magique pour Zidane qui a été enterré un peu vite, notamment par la presse française et des hommes politiques français -qui se sont souvenus à l'occasion de ses origines- après sa production moyenne dans les deux premiers matches contre la Suisse et la Corée du Sud, oublieux de tout ce que Zidane a fait, apporté et donné à la France en particulier son premier couronnement mondial en 1998 en inscrivant en finale deux buts contre...le Brésil et en donnant la balle du troisième but à Petit. Et c'est encore lui, en 2006, qui est, en donnant une balle en or à Henry, est derrière l'élimination du Brésil, l'envoyant, après l'Espagne, en vacance. L'artiste vous salue bien.