D´aucuns ont pu penser que Kouchner exprimait une position strictement politique quand il a déclaré au Journal (français) du Dimanche: «Nos rapports avec l´Algérie ont été à ce point sentimentaux, violents et affectifs que tout est très difficile et très douloureux...La génération de l´Indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple.» La réalité est tout autre. Non, il n´exprimait pas une position officielle de la France en qualité de ministre des Affaires étrangères. C´était la seule façon qu´il a trouvé pour défendre «son bifteck» et s´accrocher au poste de ministre qu´il n´est pas loin de perdre. La cause? Le dossier «Algérie» qui vient de lui être retiré pour être confié au secrétaire général de l´Elysée, Claude Guéant, qui a été reçu, hier, par notre Premier ministre, Ahmed Ouyahia. La présence inhabituelle du secrétaire général de la Présidence algérienne donne à l´audience un caractère particulier. Relisons l´entretien pour mieux comprendre. Neuvième question du journaliste: «Chacun sait la centralisation de la diplomatie à l´Elysée, la part prise par le secrétaire général, Claude Guéant...C´est une illusion?». Réponse de Kouchner: «C´est une réalité que je connais...et je vais toutes les semaines voir Guéant...(qui) fait un travail particulier que lui seul peut faire. Je sais qu´il va en Algérie, approcher certains milieux. J´irai après. Entre les hommes, ce n´est jamais simple...quand nous sommes en désaccord, ça arrive, c´est le Président qui décide.» Suit une énumération de ce qu´il considère de ses propres initiatives comme dans le dossier de la Guinée où il affirme que c´est lui «qui a convaincu (en l´ayant dit) trois fois en Conseil des ministres». Ou sur le dossier du Rwanda quand il déclare, vantard: «J´ai convaincu le Président...Il m´a écouté». Dans l´affaire de l´otage français au Sahel, le ton est encore plus révélateur. Las d´attendre la question sur ce sujet qui ne viendra pas, il décide, seul, d´en parler et se justifie: «Au Mali, nul ne m´a reproché notre politique.» C´est un Kouchner aux abois. Déclassé. En voie de perdre son poste et qui fait peine à lire tant on devine toutes les claques (on l´imagine se morfondre dans la salle d´attente de Guéant) qu´il reçoit de l´Elysée. En effet, et par le zèle qui l´a toujours caractérisé dès qu´il s´agit de l´Algérie, Kouchner a fini par perdre toute chance d´intervenir positivement dans les relations franco-algériennes. Ce qui n´est pas pour arranger les affaires de l´Etat, son employeur. Il devient même encombrant. Depuis son fameux «devoir d´ingérence humanitaire», sa qualification «d´opposants armés» pour désigner les terroristes algériens ou encore sa déclaration de «répugner à prononcer le nom d´un ministre algérien (Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine) sur le sol algérien», Kouchner se disqualifie totalement en Algérie. A deux doigts d´être carrément «persona non grata» dans notre pays. Ce qui met Sarkozy dans l´obligation de le dessaisir du dossier «Algérie» et le remplacer provisoirement par Claude Guéant. Provisoirement, car un secrétaire général de l´Elysée ne peut être ministre des Affaires étrangères à plein temps. En y ajoutant l´absurdité de maintenir en poste un ministre des AE qui n´est pas en mesure d´intervenir sur un pan aussi important (l´Algérie) dans les relations extérieures de la France, les jours de Kouchner, ministre, ne peuvent être que comptés. Journal du Dimanche ou pas.