L´Algérie célèbre demain le quarante huitième anniversaire de l´Indépendance. Une période qui peut être estimée longue, mais ne représente cependant, qu´un laps de temps au regard de l´histoire humaine. Quarante-huit ans est pourtant un temps suffisant pour construire l´Histoire. Cela n´a pas été le cas, l´Algérie, étant orpheline d´une véritable écriture de son Histoire. Et cette histoire ne peut-être que le fait d´historiens. Mais où sont-ils, que font-ils? De quels archives et documents disposent-ils? En fait, ces questionnements sont devenus récurrents à l´approche de chaque anniversaire constitutif du fondement de lAlgérie moderne: le 5 Juillet et le 1er Novembre singulièrement. Mais que connaît la jeune génération du 5 Juillet 1962 - célébré dans la presque quasi-indifférence -, de ce que l´on appelle la «crise de l´été 62» qui va pourtant marquer durablement le destin de l´Algérie, post indépendance. Mais ce n´est là que l´un des aspects d´une Histoire nationale multimillénaire, encore à écrire et à ordonner. Remonter l´Histoire à rebours n´est certes pas une sinécure mais cela reste un enjeu stratégique pour le pays. En effet, connaître et faire connaître l´historicité de l´Algérie est en soi une obligation morale pour les historiens de ce pays. Car, ce n´est pas normal en 2010 de continuer à dépendre et à se référer aux historiens étrangers pour apprendre le parcours historique de l´Algérie. Ainsi, la version algérienne de l´Histoire de l´Algérie, qui ne saurait être «l´Histoire officielle», est-elle encore en stand-by... Cette méconnaissance de notre histoire et surtout la «pénurie» d´historiens de métier, a laissé le champ libre à tous ceux qui se sont improvisés «spécialistes» de l´Algérie ou ont fait de l´Histoire de l´Algérie leur domaine patenté. En quarante-huit ans, l´Algérie a peu investi dans le champ de la connaissance historique quand il fallait en prendre possession ne serait-ce que pour rétablir certaines vérités et faire justice à l´histoire de notre pays. Ainsi, les Français ont-ils justifié leur occupation de l´Algérie, par le fait que c´était un «territoire sans peuple» affirmant même que l´Algérie c´était «leur oeuvre», qu´avant eux elle «n´existait pas», car aucun écrit n´attestait, selon eux, de cette existence. Hélas, il n´y eut pas de répondant de la part de nos historiens pour faire un sort à ces mystifications. De fait, aussi loin que l´on remonte dans le temps, on ne trouve pas trace d´écrits historiques signés par les Algériens (des temps, historiques ou contemporains) qui consignent les péripéties du pays et ses relations avec son voisinage. Aussi, n´est-il pas surprenant que ce soit par les historiens grecs, notamment, et romains, que l´on a pu connaître des bribes de l´Histoire de la Numidie (nom qui a été celui du territoire correspondant à l´Algérie d´aujourd´hui). Malheureusement, ces écrits sont dispersés un peu partout à travers le monde, en France certes, mais aussi en Turquie, aux Etats-Unis et singulièrement au Vatican, qui disent la permanence d´un territoire: l´Algérie. Cette anomalie fait que les livres les plus probants écrits sur l´Histoire récente de l´Algérie sont dus à des historiens étrangers au moment où les gouvernants algériens multipliaient les séminaires sur l´écriture de l´Histoire sans résultats patents ou convaincants. Ainsi, l´histoire du Mouvement national (de 1912 - si celle datation est correcte - correspondant à l´émergence des premières revendications nationales à 1962, date de l´Indépendance) est-elle toujours en attente des historiens capables de la prendre en charge, en faire le bilan et restituer à la mémoire collective les moments forts d´épopées anciennes et contemporaines qui légitiment l´existence de ce pays. Or, sans écriture de notre Histoire, c´est notre mémoire collective qui s´effiloche au fil des ans et des âges et des générations sans repères historiques.