Quand un ministre de la République parle, comme vient de le faire M.Ould Abbès, «d´humaniser» les centres anticancer cela suscite à la fois un sentiment d´espoir mais aussi une colère difficile à contenir. Cela veut dire que jusqu´à présent les malades du cancer étaient mal ou pas du tout pris en charge. Que des vies humaines ne bénéficiaient ni de l´attention, ni de la rigueur ni de considération. L´an passé déjà, le président de la société d´oncologie médicale, le professeur Kamel Bouzid lançait un véritable cri d´alerte. «L´Algérie compte 35.000 nouveaux cas de cancer chaque année (le chiffre a augmenté depuis puisque le ministre de la Santé parle de 40.000 nouveaux cas par an Ndlr), mais les moyens radiothérapeutiques ne suivent pas et ne permettent la prise en charge que de 4000 malades» avait précisé le Pr Bouzid. Un constat d´une extrême gravité puisqu´il aboutit au chiffre horrifiant de dizaines de milliers de cancéreux privés de soins. Est-il possible que tous les prédécesseurs de M.Ould Abbès aient pu «dormir tranquillement» devant une telle tragédie? Alors que «cela est dû à un dysfonctionnement, une absence de coordination et une mauvaise orientation de la volonté politique» a ajouté le Pr Bouzid au cours de la même intervention qui a eu lieu en avril 2009 à la radio. Pour avoir abordé le sujet avec plusieurs spécialistes et chefs de service, nous pouvons affirmer que le Pr Bouzid a eu le mérite de dire des vérités que d´autres taisent. Le résultat aura été cette déshumanisation contre laquelle se dresse aujourd´hui M.Ould Abbès. Ce qui est encore plus dramatique et incompréhensible, c´est que tout le monde est exposé à cette maladie. Y compris les ministres qui n´ont rien fait, y compris les praticiens «aphones». Laissons tous ces responsables avec leur conscience et revenons aux dernières mesures annoncées par le ministre de la Santé. Il vient, enfin, de lancer un «plan national cancer» caractérisé par la dotation pour chacune de 15 wilayas du pays d´un centre anticancer. Mais ce ne sont ni les murs ni les équipements qui, a eux seuls, régleront le problème, a-t-il justement rappelé. Ils solutionneront tout au plus le problème des capacités. Le but essentiel du plan national est de remettre de l´ordre dans cette discipline médicale. Par la formation, la mise à niveau et la remise en place du travail en équipe multidisciplinaire propre au cancer. Toutes choses qui avaient été défaillantes. Autre annonce importante également est cette arrivée d´experts américains au cours de ce mois en vue d´un partenariat avec des spécialistes algériens dans la recherche et le traitement du cancer. Dans la foulée, le ministre nous apprend qu´un institut africain de lutte contre le cancer sera créé à Alger. C´est dire toute la force de la volonté politique et l´ampleur continentale qui lui est donnée. Ce n´est pas en un jour que toutes ces mesures donneront des résultats mais il était temps que nos malades cessent d´être ballottés dans l´indescriptible anarchie qui règne dans cette discipline. Plus coupable que celle des cellules cancéreuses. Le nouveau ministre apporte une note d´espoir aux cancéreux! Enfin!