136 millions de Brésiliens ont voté hier pour donner un successeur au charismatique président Lula (Luiz Inacio Lula da Silva), quasiment une icône au pays des cariocas. Alors qu´il n´est pas candidat, sa popularité atteignait les zéniths avec un taux de 85% de satisfaction qui en dit long sur la marque que laisse le président Lula. Il pouvait amender la Constitution (qui fixait à deux mandats la magistrature suprême) - ce ne sont pas les encouragements qui ont manqué de la part de ses partisans - et postuler à une troisième présidence. Ce que le président Lula a fermement refusé en dépit du fait qu´il reconfigura radicalement le Brésil durant ses huit années à la tête de l´Etat carioca, faisant du géant sud-américain la huitième puissance économique mondiale. Ainsi, l´administration du Brésil par le président Lula a été probante tant au plan interne, par la redynamisation de l´industrie et la revalorisation de l´agriculture, qu´au plan diplomatique, Luiz Inacio Lula da Silva, contribuant largement à la remise en cause du monopole de l´Occident sur les affaires du monde, tout en donnant une visibilité au G20 dont le Brésil en a été le fer de lance. De fait, en deux mandats, Lula aura totalement transformé son pays dont l´économie a connu sous sa direction une expansion sans pareille. Lula a, d´autre part, fait du Brésil l´un des acteurs clés de la nouvelle donne mondiale que ce soit sur le commerce, l´environnement, la réforme de la gouvernance économique mondiale ou la réforme de l´ONU. Certes, il s´est mis, récemment, à dos ce même Occident qui n´apprécia pas spécialement sa défense du droit de l´Iran à un nucléaire pacifique. Il est évident toutefois, que ces résistances au changement comme le bannissement des «chasses gardées» - que l´Occident s´est octroyées - ne peuvent être vaincues du jour au lendemain, ni se faire s´il n´y a pas un clair appui de la part des pays émergents et en développement. La leçon à tirer du passage de Lula à la tête du Brésil, est que l´ancien métallurgiste et syndicaliste avait fait le choix d´être aux côtés de son peuple dès les années 60 et le constat que le boom économique du pays n´a en rien bénéficié à la classe ouvrière. Comme syndicaliste, il milita sans relâche pour faire valoir les droits des travailleurs. Comme homme politique, il contribua à changer la mentalité des Brésiliens d´une manière générale, celle des dirigeants en particulier. Son refus, de postuler à un troisième mandat - respectant par là, la loi fondamentale de son pays - découle ainsi du choix d´instaurer une véritable démocratie au Brésil. C´est dans ce sens que l´on peut comprendre l´action du président Lula tout au long d´un demi-siècle. Justement, pour que cet héritage soit poursuivi et ne soit pas perdu - le Brésil et ses dirigeants ont grandement gagné en crédibilité - Luiz Inacio Lula da Silva poussa au-devant de la scène politique brésilienne une forte personnalité, Dilma Roussef, qui partage les mêmes idées et vision des choses que son mentor. Inconnue il y a six mois, Mme Roussef est en passe de gagner haut la main une présidentielle qui semble lui tendre la main. De fait, le peuple brésilien a reporté sa ferveur de Lula au profit de sa protégée, plus réservée et quelque peu novice en politique. Mais c´est aussi une femme qui a fait ses preuves dans la résistance à la dictature, faisant même trois ans de prison sous le régime des généraux en 1984. Sur ce plan, elle a de qui tenir, et la confiance de Lula en ses possibilités ont largement convaincu les Brésiliens, prêts à la porter au pouvoir. Notons que le président Lula a été élu personnalité de l´année en 2009 par le journal Le Monde, et classé cette année par le Times comme le dirigeant le plus influent au monde. Lula donne ainsi une leçon à méditer aux dirigeants des pays émergents et en développement.