La «communauté internationale» n´a cessé ces dernières années de tourner en rond en refusant d´appeler un «chat» un «chat» s´escrimant, en une impossible gymnastique sémantique, à ne point dire les choses par leur nom, dès lors qu´Israël est en cause. Pourtant, à défaut d´être facile, ç´aurait été logique que l´Europe, les Etats-Unis et l´Asie - qui a joint sa voix au choeur des supplications demandant à Israël le gel de la colonisation - fassent comprendre aux dirigeants israéliens que la poursuite de la colonisation était improductive et en porte-à-faux avec le principe du dialogue, comme antinomique du principe qui fonde les négociations israélo-palestiniennes «la paix contre la terre». Or, Israël, il faut le dire haut et fort, veut la paix et la terre. Aussi, vouloir, est une chose, concrétiser, en est une autre. C´est là toute la différence entre les déclarations de principe de l´Occident - qui appelle au gel de la colonisation - et la réalité du terrain, sans que celui-ci se donne les moyens d´appuyer cette demande par des actes qui puissent convaincre l´Etat hébreu qu´il n´a pas d´autre choix que de négocier sérieusement avec les Palestiniens. Des négociations qui doivent, bien sûr, aboutir à la création d´un Etat palestinien fiable, doté des attributs de la souveraineté. Nous n´en sommes certes pas là. Et Israël a beau jeu de se donner le beau rôle à peu de frais, cela avec la complicité de ceux-là mêmes qui appellent au gel tout en mettant sur le même plan oppresseurs et population sous le joug de l´occupation (cf; la demande du secrétaire général de l´ONU aux responsables palestiniens et israéliens de redoubler d´efforts pour remettre en route leurs négociations de paix). Or, Israël refuse de reconduire le gel partiel de la colonisation en Cisjordanie occupée, le Premier ministre israélien expliquant même que les négociations pouvaient se poursuivre parallèlement à une «colonisation modérée». Ce qui fit écrire aux médias israéliens que Netanyahu a inventé la «colonisation light». La question qui se pose en fait est de savoir si Israël veut réellement la paix? En toute conscience et sans parti pris, les Occidentaux peuvent répondre à cette interrogation. Les Israéliens n´ont, en réalité, jamais envisagé la paix comme une finalité, mais juste un moyen qui leur permette de rendre irréversible le fait accompli dans les territoires palestiniens occupés. D´ailleurs, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, le dit sans ambages, affirmant, dans un discours devant l´assemblée générale de l´ONU le 28 septembre dernier, que l´Etat palestinien ne verra pas le jour avant des siècles indiquant: «La conclusion d´un accord entre Israël et les Palestiniens risque de prendre plusieurs décennies et nécessite de régler d´abord la question de l´Iran.» L´Iran? La belle entourloupe alors que le dossier palestinien est en stand-by depuis 62 ans, y compris lors de la période où l´Iran était dans le camp occidental. Un argument spécieux qui n´a rien à voir avec le problème de l´heure: le droit des Palestiniens d´édifier leur Etat indépendant. Que dire des propos du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui rappelait samedi au président Abbas que «durant dix-sept ans les Palestiniens ont négocié (avec Israël) alors que la construction se poursuivait» en Cisjordanie occupée. Justement, durant ces dix-sept années aucun dossier n´a avancé d´un iota et les discussions sont toujours au point zéro. Ce qui doit être dit. La comédie n´a que trop duré. De concession en concession, les Palestiniens, le rapport de force ne leur étant pas favorable, ont tout donné et M.Abbas est quasiment nu. Il ne lui reste qu´à se dépouiller de sa peau tant le jeu est faussé, alors qu´Israël ne cache pas son intention de bloquer par tous les moyens l´avènement de la Palestine. A trop tirer sur le fil, il risque de se casser.