A la base de toute entreprise, il y a l´homme. C´est là une évidence qu´il n´y avait sans doute pas lieu de souligner. Et pourtant! En effet, c´est ce que fait - ou ne fait pas - cet homme, surtout lorsqu´il est doté de responsabilités, qui induit sur les faits et peut transformer les lieux et les choses. Et tout homme investi de responsabilité est encore plus interpellé que d´aucuns pour assumer ses responsabilités. Ce qui n´a pas toujours été patent, ne l´a jamais été, en fait, en Algérie. Ces responsabilités peuvent aller du simple fait d´appliquer une «instruction», jusqu´à prendre des initiatives en temps et lieu sans avoir à en référer à la hiérarchie, quitte à s´expliquer après coup. Cela veut dire que la responsabilité est partagée et chacun prend, devrait prendre, à son niveau, les décisions qui s´imposent à un moment donné sans attendre le feu vert «d´en haut». Or, si l´Algérie regorge de grands commis de l´Etat (ministres, hauts fonctionnaires, walis, maires, directeurs généraux, directeurs délégués...), très peu d´entre eux osent prendre des décisions dans un sens ou dans un autre, s´en remettant systématiquement au grand «patron». Combien de fois n´a-t-on pas entendu des ministres expliquer qu´ils appliquaient les «instructions» du Président? Que l´on sache, un ministre est payé pour agir, trouver des solutions aux problèmes qui se présentent à son département, mettre en application un programme (de gouvernement) dont il reste un acteur potentiel. Cela veut dire qu´il doit prendre et assumer des responsabilités, que celles-ci se révèlent, à l´usage, positives ou négatives. Dans ce dernier cas, savoir reconnaître son échec et laisser la place à d´autres, plus compétents. D´ailleurs, le président de la République a, à maintes reprises, relevé les carences de son staff gouvernemental dans la mise en oeuvre de son programme, et n´a pas omis de le dire publiquement. Cette fuite de responsabilité a fait beaucoup de mal au pays dès lors que certains hauts fonctionnaires, ayant franchi des étapes qualitatives dans leur carrière, estiment n´avoir à rendre de compte à personne, et certes pas aux citoyens de ce pays, les premiers concernés pour toutes décisions (de fait prises en leur nom). C´est donc là une question d´hommes et d´engagement. Sans engagement politique, avec tout ce que cela peut induire comme effets, sur les personnes et le pays, il ne peut y avoir d´hommes politiques, encore moins de champ politique à l´intérieur duquel se crée et se façonne l´avenir du pays. Un homme politique fait des choix politiques et s´en tient à ses choix - par idéal ou idéologie, l´essentiel n´est pas là - ne serait-ce que pour la cohérence et la compréhension de son action. Cela pour dire qu´il y a nécessairement interaction entre les acteurs et actants et celui (ceux) qui impulse(nt) ou décide(nt) de cette action. Aussi, il suffirait de la défectuosité d´une vis pour faire dérailler ou arrêter la machinerie. Il en est de même pour la gouvernance: il suffit ainsi, à un niveau ou à un autre, que l´action ne suive pas, car mal pensée ou mal coordonnée, pour que tout le système ne fonctionne plus. Il y a là une question d´hommes qui demande à être résolue. Or, ce ne sont pas les hommes qui manquent, à voir leur empressement à se présenter aux différentes élections (communales, législatives ou au sein des partis) pour des postes de responsabilité (voir le «chahut qui a marqué le renouvellement des kasmate du FLN). Responsabilités que l´on s´empresse, itou, d´oublier dès le poste convoité acquis. Pour dire crûment les choses, personne ne veut se mouiller. Le résultat est là: des villes et villages peu ou prou à l´abandon, des hommes politiques (députés de l´APN ou ministres) qui font le «minimum» syndical. A l´évidence, cela ne peut durer.