Cette histoire de lait en sachet commence à bien faire. Tout est fait pour la rendre incompréhensible du grand public. On ne sait même plus si les initiés qui interviennent dans la presse compliquent volontairement le problème ou sont eux-mêmes «dépassés» par les événements. Chacun y va de son chiffre qui ne «colle» jamais avec celui que donne le voisin. Là, il est avancé que les besoins nationaux en lait sont de 5 milliards de litres/an, un peu plus loin une autre source avance qu´ils ne sont que 1,2 milliard de litres/an. Ce n´est là qu´un exemple du cafouillage qui semble bien entretenu. Pour ne pas se faire avoir, il ne reste qu´une solution: sortir du schéma que veulent nous imposer certaines parties. Pourquoi se cantonner à réfléchir sur la seule quantité de lait produite et celle qui est réellement commercialisée? Pourquoi s´étaler à n´en plus finir sur la collecte du lait cru, de l´augmentation de l´importation de poudre de lait puisqu´au final, cela ne mène pas à la solution? Alors si on met de côté l´utilité des chiffres (quand ils ne sont pas fantaisistes) et si on «enjambe» le problème de la collecte que certains veulent transformer en formule scientifique difficile à résoudre, que reste-t-il? Eh bien, il reste à «prendre» le problème par l´autre bout. Par celui de la production des dérivés du lait. Des mille variétés de yaourts et des fromages principalement. Pourquoi cette partie de la production qui utilise la même matière première que le lait en sachet, n´est jamais touchée par une quelconque perturbation commerciale? Quelqu´un sait-il avec précision la part de lait (poudre et cru) qui est consacrée par les industriels à ces produits dérivés? En période de tension sur un produit alimentaire de base, il aurait été normal que les services publics «mettent le nez» dans tout ce qui peut en être la cause. Il suffirait de réguler de manière draconienne la production des yaourts au profit du sachet de lait pour que la problématique s´inverse. En plus court, on ne peut «libérer» le lait sans s´intéresser au yaourt. Il est facile de vérifier les quantités de lait consacrées par les industries à la fabrication des produits dérivés par rapport à celles qui sont utilisées pour le lait en sachet. Il est tout aussi facile de distinguer, par un simple contrôle de documents, la part de poudre importée directement par le producteur, de celle subventionnée qu´il reçoit de l´Onil (Office interprofessionnel du lait) qui est au lait ce que l´Oaic est aux céréales. Le même contrôle permet également d´évaluer la part de lait cru. Tout est dans les fiches de stocks (entrées et sorties) des unités de production. Cela est si simple qu´on ne peut que s´étonner de n´entendre aucune voix parler de production de yaourts face à une situation de crise du sachet de lait ou si vous voulez le LPC (lait pasteurisé conditionné) comme le désignent les gens de métier. L´équation est simple. D´un côté, il y a les yaourts et les fromages, de l´autre, il y a le lait que consomment les ménages. Tous deux sont faits avec la même matière première. Quand un seul de ces produits manque et non l´ensemble, la réponse n´est tout de même pas difficile à avoir. Elle se trouve dans la différence de la valeur ajoutée. Une fois «l´ascendant» du yaourt sur le lait maîtrisé, la remise en ordre de la distribution n´en sera que plus facilitée. Courir après la poudre de lait en regardant passer le yaourt, le vrai problème est là!