Les pouvoirs publics n'ont jamais réellement inscrit ces deux projets parmi leurs priorités. Lancés en grande pompe dans le courant des années 80, les deux méga-projets, qui devaient donner à Alger son nouveau visage de capitale moderne, sont encore en état de chantier depuis près de 20 ans déjà. Pensé en même temps que le complexe Riadh El-Feth et l'ensemble immobilier d'El-Hamma, le nouvel aéroport et le métro d'Alger ont fini par symboliser l'inertie et l'incompétence de l'administration algérienne. Alors que d'autres nations de même niveau de développement que notre pays, voire moins outillées, à l'image de la Tunisie et du Liban, ont réussi là où l'Algérie a lamentablement échoué. Tunis s'est dotée d'une infrastructure aéroportuaire digne de ce nom, en l'espace de quelques années seulement. Le cas du Liban est encore plus édifiant. Sitôt sorties d'une guerre civile destructrice, les autorités de ce petit pays ont entrepris la construction d'un véritable aéroport qui passe pour être l'une des fiertés des Libanais et le symbole d'une fin effective d'un cauchemar qui aura duré plus de vingt ans. D'autres pays arabes, tels l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Qatar, pour ne citer que les plus en vue, exhibent fièrement leur aéroport, comme leur première et plus belle vitrine, destiné aux étrangers en visite dans le pays. En Algérie, à l'époque de l'embellie financière, l'on a caressé le même rêve, mais force est de constater qu'il n'a pas passé ce cap et les Algérois, las d'attendre ces deux réalisations dont l'objectif était de rehausser l'image de leur ville, en sont arrivés à tourner en dérision les pouvoirs publics pour leur incompétence à traiter une question somme toute simple sous d'autres cieux. Les citoyens ont, en effet, de quoi se moquer des responsables, surtout que ces derniers ne ratent aucune occasion pour médiatiser leur déplacement sur les deux sites en question. L'aéroport et le métro d'Alger ont reçu la visite de tous les ministres des Transports des gouvernements de Brahim Brahimi, Kasdi Merbah, Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali... jusqu'à Abdelmalek Sellal, chargé du dossier dans l'Exécutif de Ali Benflis. Sellal est peut-être le seul ministre des Transports qui est allé jusqu'au bout de sa logique, à savoir donner l'aéroport en concession. L'échec cuisant de cette énième tentative de sauver les meubles traduit toute la gêne des autorités centrales quant à ce cadeau empoisonné que les différents exécutifs se refilent. A en croire des observateurs qui ont suivi de près les dossiers du métro et de l'aéroport, les pouvoirs publics n'ont jamais réellement inscrit ces deux projets parmi leurs priorités. Lorsque les responsables sont interpellés sur la question, ils se contentent d'une ou deux visites sur le terrain, largement médiatisées, en promettant un règlement des deux problèmes, mais sans pour autant avancer une démarche logique et responsable. Cette façon d'appréhender ces dossiers, amène ces mêmes observateurs à dire que les différentes équipes qui se sont succédé à la tête de l'Exécutif, estiment que l'Algérie n'est pas en situation de donner à sa capitale l'image d'une ville moderne et fonctionnelle. Cette situation, imposée par un sérieux manque de volonté politique, fait qu'au plan intérieur les Algériens n'accordent que peu de crédit aux gouvernants, et pour cause. Au plan extérieur, il n'est en effet pas besoin d'affirmer que les éventuels partenaires de l'Algérie ont toutes les raisons de penser que quelque chose cloche dans le pays.