Globalement «positive» telle est l'impression qui se dégage des premières inspections de l'ONU. Les experts en désarmement de l'ONU ont inspecté, hier, de nouveaux sites au sud et au nord de Bagdad, autrefois spécialisés dans la production de missiles, d'ogives et d'armes chimiques. Il s'agit de la troisième journée d'inspection pour cette nouvelle mission de l'ONU en Irak qui intervient après quatre ans d'interruption et poursuit le travail mené entre 1991 et 1998 par la précédente mission, l'Unscom. A bord de leurs véhicules tout-terrain blancs frappés du sigle de l'ONU, les inspecteurs de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'ONU (Cocovinu) et de l'Agence internationale de l'Energie atomique (Aiea) ont quitté leur base de Bagdad, de bonne heure. Une première équipe est arrivée sur un site, dans la localité d'Al-Yusifiya, à 15 km au sud de Bagdad, qu'elle a inspecté pendant trois heures. Le site est connu pour avoir abrité la mise au point et la construction de missiles Al-Hussein, version irakienne de Scud soviétiques, dont la portée est de 650 km. Sur ce site, le complexe d'Oum al-Maarik (La mère de toutes les batailles, nom donné en Irak à la guerre du Golfe de 1991) était spécialisé dans le développement des ogives pour les missiles Al-Hussein, dont certains ont été équipés en charges chimiques et biologiques. Ce site avait été placé sous contrôle permanent de l'Unscom et converti en atelier pour la mise au point de missiles de courte portée - moins de 150 km - que l'Irak est autorisé à fabriquer aux termes des résolutions de l'ONU sur le cessez-le-feu dans la guerre du Golfe. Les inspecteurs ont pénétré dans l'enceinte du complexe, accompagnés de représentants de l'organisme irakien de contrôle. Les journalistes qui les suivaient sont restés à l'extérieur. Cette première équipe s'est ensuite rendue sur une autre installation, à quelques kilomètres de là, appelée Al-Milad et qui dépend de l'organisme de l'industrialisation militaire. Une autre équipe d'inspecteurs s'était dirigée vers le nord en direction de la localité de Bald, à 70 km de la capitale irakienne, ont indiqué des correspondants de presse. Le site visité, situé dans un camp militaire, était spécialisé dans la production d'armes chimiques. La nouvelle mission de l'ONU en Irak, lancée mercredi, doit permettre d'établir si l'Irak possède encore des armes de destruction massive. Bagdad assure qu'il n'en est rien, mais Washington et Londres se déclarent persuadés du contraire. Pour les aider dans leur travail de vérification, les inspecteurs utiliseront bientôt des hélicoptères, dont le premier est attendu aujourd'hui à Bagdad. L'appareil doit être livré par un avion de l'Onu en provenance de Larnaca (Chypre) où la mission d'inspection en désarmement de l'Irak a sa base-arrière, a indiqué le porte-parole de l'ONU, Hiro Ueki. Les autorités irakiennes ont estimé que les premières visites surprise des inspecteurs mercredi et jeudi avaient permis de faire éclater au grand jour les «mensonges» du Premier ministre britannique Tony Blair. Le gouvernement britannique avait assuré dans un rapport en septembre que les sites visités menaient des activités prohibées dans le domaine des armes biologiques. Bagdad a également mis en garde l'Onu contre l'utilisation de ses inspecteurs comme «espions» par les Etats-Unis. Ce début «donne globalement une impression positive», a dit le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Saltanov en charge des pays arabes. Les Etats-Unis, sceptiques sur une coopération de Bagdad avec l'ONU, s'apprêtent à dépêcher deux hauts responsables dans plusieurs pays pour recueillir des soutiens en cas d'intervention militaire contre l'Irak. Le numéro deux du Pentagone (Défense), Paul Wolfowitz, et le numéro trois du département d'Etat (Affaires étrangères), Marc Grossman, vont se rendre dans une dizaine de pays et selon les dernières informations en provenance de Washington, ils doivent arriver en Turquie le 3 décembre, après des visites à Londres et à Bruxelles. Les Etats-Unis envisagent une aide importante à ce pays pour apaiser les craintes de ce membre de l'OTAN de voir son économie encore plus fragilisée, a indiqué jeudi le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. L'assistance annuelle, estimée entre 7 et 800 millions de dollars, sera un dossier important lors de la visite des émissaires américains en Turquie, pays qui a pressé Bagdad, vendredi, de coopérer avec l'ONU pour éviter une frappe.