Les retombées de l'incident entre Marocains et Sahraouis lors du Festival mondial de la jeunesse et de l'étudiant et le retrait de la délégation du Maroc ne cessent de nourrir l'actualité chez nos voisins du royaume chérifien. Que cache la nouvelle offensive médiatique du Maroc contre l'Algérie, notamment les déclarations peu amènes du Premier ministre Youssoufi? A quels desseins obéit une telle cabale? Pourquoi les relations algéro-marocaines n'arrivent-elles pas à attein-dre leur vitesse de croisière? Et plus important, qu'est-ce qui bloque le processus de normalisation entre les deux pays? Le groupe parlementaire du parti El-Istiqlal a appelé à une réunion extraordinaire des commissions parlementaires de la défense et des affaires étrangères afin de procéder à l'examen de la situation après cet incident. Alors que le parti de l'Union socialiste du Premier ministre Youssoufi a exhorté le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Ben Aïssi, à fournir des clarifications sur cette «affaire», cette formation politique accuse ouvertement l'Algérie d'avoir «fomenté et appuyé» l'altercation entre les délégations du Maroc et du Polisario, dans la mesure où «les services de sécurité algériens ne sont pas intervenus», selon les termes mêmes de ce communiqué. De son côté, le quotidien L'Economiste se dit étonné de constater que «les forces de police (algériennes Ndlr) restent passives». Il est notamment reproché à Alger de ne pas avoir formulé des «excuses» quant à l'incident et de «ne pouvoir assurer la sécurité» des participants au Festival. Le quotidien socialiste, El-Itihad El-Ichtiraki, va jusqu'à dénoncer un «plan de conspiration contre le Maroc». Suivant cette logique et toujours selon le parti de Youssoufi, les autorités algériennes sont «entièrement responsables de cet incident». L'Algérie «se sert de ce festival contre le Maroc et contre son intégrité territoriale», conclut le communiqué de ce parti. Sur un autre plan, mais dans le même sens, plusieurs organisations de jeunes au Maroc ont adressé des lettres de protestation au niveau du consulat d'Algérie à Oujda. Une dynamique politique suit donc, en toute logique, l'acharnement médiatique marocain et dont les motifs, selon des observateurs avertis, sont à rapprocher des dernières tentatives de réchauffement des relations entre les deux pays voisins. L'invitation du roi Mohamed VI au Président Bouteflika, à l'occasion de la tenue au Maroc du sommet de la femme arabe le 29 octobre prochain et les messages hautement aimables entre les deux chefs d'Etat préfiguraient une détente des relations entre l'Algérie et le Maroc. L'opportunité de l'actuelle tension a de quoi nourrir les plus inquiétantes des conjectures, surtout lorsqu'on sait qu'il a été décidé que le médiateur américain James Baker pour le Sahara occidental devrait appeler à une réunion en novembre prochain entre les concernés par cette épineuse question. La question reste donc posée à la lumière des derniers développements des événements: le Maroc a-t-il trouvé le prétexte idéal afin de dynamiter l'esquisse d'une solution juste et équitable pour le problème du Sahara occidental?