L'année dernière, 73 citoyens ont été tués. Avec 56 personnes assassinées, 16 islamistes neutralisés et 21 cito-yens blessés, le mois de ramadan 2002 aura été le moins meurtrier depuis 1993. L'année dernière, 73 citoyens ont été assassinés. Cela avait renseigné sur la nette perte d'initiative de la part des groupes armés. Les violences liées aux groupes armés (rapts, assassinats, attentats à l'explosif, etc) semblent reculer devant les nouvelles formes de terrorisme, dont le racket, l'impôt sur les activités agricoles ou autres, les hold-up et les braquages en sont les plus apparentes. Le grand banditisme avance à grands pas et à toute vitesse. Le premier jour du ramadan a coïncidé avec l'annonce, par la presse tunisienne, de l'arrestation d'un réseau d'activistes en possession de 200 kg d'explosif. Ce réseau, algéro-tunisien, a lié des affinités solides avec les «commerçants de douilles», implantés dans l'Est algérien, à Tizi Ouzou et Boumerdès. Les groupes armés connaissent des développements divers. Tandis que le GIA continue sa lente et irréversible désagrégation, le Gspc, avec ses 380 hommes - estimation de l'armée - s'affirme comme l'organisation armée la plus imposante et la mieux structurée. Hégémonique en région kabyle et à l'Est, elle a multiplié les attaques contre les militaires, les GLD et les policiers de façon très spectaculaire. Les six morts de M'sila, le 20 novembre, l'attaque repoussée contre le cantonnement militaire de Tala Mimoun (le 13), le patriote assassiné à Meftah, l'attaque contre une patrouille militaire qui a fait 9 morts et 12 blessés le 22 novembre, les deux attaques de Jijel (5 blessés) et enfin, le spectaculaire attentat contre les deux policiers en faction, en plein centre de Boumerdès, sont autant d'actions dont le Gspc porte la marque. Le GSC, la Djamaâ salafiya moukatila, dernier-né des groupes armés, s'affirme comme une «organisation qui monte». Plusieurs attentats lui sont attribués, dont le dernier en date, celui qui a coûté la vie à quatre personnes à Relizane le 1er décembre. Le Ghds, Houmât ed-daâwa es-salafiya de Mohamed Benslim, reste hégémonique dans le pourtour de l'Ouarsenis et à l'extrême ouest, malgré le rétrécissement de ces actions ces derniers jours. En fait, ce n'est pas tant le terrorisme qui représente aujourd'hui un nouveau défi aux services de sécurité, mais bien les nouveaux visages qu'il prend. La criminalité connaît depuis le début de l'année une hausse réfrigérante et les deux hold-up perpétrés en plein jour en Kabylie durant le ramadan, dont un s'est soldé par le vol de 21 milliards de centimes, sont là, bien en face de nous, pour manifester ce nouveau péril. Agissant dans des régions où les services de sécurité sont plus ou moins neutralisés, comme en Kabylie (les brigades de gendarmerie y sont soit délogées ou fermées, tandis que les policiers sont occupés par la prévention et la gestion des émeutes, ou la surveillance et la protection des édifices publics et des représentants de l'Etat), comme dans les villes à dense tissu urbain, les nouvelles manifestations du crime sont de plus en plus organisées, structurées et équipées. C'est cela, le terrorisme de demain.