Depuis le début de l'année, une intense campagne militaire est engagée contre les groupes terroristes décidés à riposter par des attentats. Aux ratissages des unités de l'armée dans différentes régions du pays où sont localisés les principaux maquis du GIA et du Gspc, répondent des attentats de plus en plus ciblés. En l'espace d'une semaine, ces attentats ont provoqué une trentaine de victimes, ce qui dénote une recrudescence inhabituelle depuis le début de 2002. Le récent attentat de Médéa, où le groupe de l'émir Houti s'en est pris directement à un barrage de police, dénote une volonté de mettre une pression accrue sur les services de sécurité et de l'armée, estiment des analystes sécuritaires. L'armée a mobilisé, depuis la fin du Ramadan, des moyens importants en équipements et en soldats pour s'attaquer aux foyers terroristes encore incandescents. Les unités de l'ANP, disposant de renseignements fiables sur les derniers mouvements terroristes dans les maquis, ont entamé une vaste traque des groupuscules du GIA et du Gspc. Ainsi, le maquis de Tala Acha, à Chréa, dans la wilaya de Blida, est investi depuis une dizaine de jours. Les militaires sont convaincus que le groupe de Katiba Al Khadra de Antar Zouabri n'a pas quitté définitivement cette zone et qu'il y conserve des casemates bétonnées. Malgré le fait que Abou Talha et sa garde rapprochée composée d'une trentaine de personnes, dont les épouses de ses adjoints qui sont également armées, transhument entre Tamezguida, les maquis de Médéa et l'Ouarsenis, Zouabri garde le maquis de Chréa comme base de repli du fait du relief extrêmement boisé et des chemins minés. D'ailleurs, la dernière incursion militaire dans cette zone a provoqué des dommages puisque trois militaires et deux gardes communaux ont été blessés par des bombes artisanales. La même situation est vécue dans la zone de Sétif. Un ratissage de l'armée a failli dégénérer en une fusillade meurtrière lorsque des unités militaires ont accroché un groupe affilié à Hassan Hattab, composé d'une vingtaine de terroristes. Ce maquis servait de point de transit à des groupes du Gspc qui allaient vers l'Est, essentiellement vers Batna et Tébessa, depuis les maquis de la zone II en Kabylie. Les militaires semblent vouloir couper toutes les voies de communication et de passage des groupes salafistes à l'Est surtout depuis l'entrée en dissidence du groupe Gspc de Batna contre l'adjoint de Hattab, Abderezak «le Para», envoyé début 2000 pour réorganiser les troupes à l'Est. Cela expliquant en partie le déclenchement d'une opération de ratissage dans les monts de Beni Douala, en Kabylie, où Hassan Hattab a été aperçu pour la dernière fois. Si les groupes de l'émir Abou Hamza sont harcelés à l'Est, ceux de Zouabri à l'Ouest ne sont pas mieux lotis. Le lancement de l'opération contre une concentration de près de 100 terroristes du GIA dans la région d'El-Kef, à Mascara, risque de déboucher sur un bilan important en termes de neutralisation des groupuscules à l'Ouest. Bilan le plus important depuis huit mois. Les unités militaires ayant réussi à accrocher les groupes GIA, et probablement Gspc, puisqu'on évoque que l'opération militaire a été déclenchée suite à des renseignements indiquant une rencontre GIA-Gspc dans cette zone. Mais ces opérations militaires ont leur revers. A mesure que la pression sécuritaire s'accroît contre les groupes résiduels, les terroristes durcissent leurs actions. Cinq patriotes tués à Djelfa, sept personnes dont deux policiers assassinées à Médéa, sept gardes communaux massacrés à Tiaret... Pour certains spécialistes sécuritaires, les groupes terroristes ont compris que cette phase d'éradication est la plus importante depuis des mois, eu égard aux nouveaux moyens et équipements militaires déployés et du fait que la commémoration de la concorde civile ne doit pas être entachée d'une recrudescence des attentats. Armée et groupes terroristes se rendent actuellement coup pour coup dans une guerre qui ressemble étrangement à une explication finale.