Alger approuve la proposition du Qatar pour son organisation. Le Qatar a lancé l'idée d'organiser un sommet arabe extraordinaire en vue de passer en revue l'ensemble des questions afférentes à la situation dans le monde arabe, singulièrement au vu de la détérioration des conditions de vie dans les territoires palestiniens occupés, de même que d'examiner les retombées des inspections de l'ONU en Irak. Souscrivant pleinement à cette idée de sommet arabe extraordinaire, l'Algérie, selon une déclaration rendue publique mercredi par le ministère des Affaires étrangères, «fidèle à ses positions et à ses engagements, soutient tout effort et toute action qui tendent à raffermir les rangs de la nation arabe pour lui permettre d'assurer la défense de ses intérêts supérieurs et de relever les défis auxquels elle se trouve confrontée». Il est de fait que la dégradation de la situation dans le Proche et le Moyen-Orient, notamment dans les territoires palestiniens occupés, ne cesse d'inquiéter. Dans les territoires palestiniens, hier encore, l'armée d'occupation israélienne a commis un nouveau massacre au camp de réfugiés de Boureij au nord de Gaza, occasionnant la mort, jeudi, de Palestiniens. Il est patent que l'impuissance dont fait montre la communauté internationale face aux exactions de l'armée israélienne (même les organismes officiels de l'ONU n'échappent plus à la violence israélienne), et la quasi-impunité dont bénéficie Israël pour ses actions criminelles contre le peuple palestinien, interpellent plus que jamais la conscience arabe. Dans la conjoncture qui est celle aujourd'hui du monde arabe, un sommet des dirigeants et des souverains arabes ne serait ni inutile ni de trop, pour peu que ceux-ci délaissent enfin leurs querelles de clocher et de préséance, aujourd'hui hors de saison. C'est dans ce sens qu'un sommet arabe pourrait être efficace et donner aux Arabes de faire entendre leur voix dans des dossiers, Palestine et Irak, qui les concernent et les préoccupent au premier chef. Un axiome affirme que celui qui peut le plus peut (ou fait) le moins. Cela peut, sous certaines réserves, s'appliquer au monde arabe qui, du fait de la dispersion de ses centres de décision, n'a jamais pu imposer sa voix et ses solutions dans les crises qui essaiment la région arabe depuis des décennies. Cela est vrai, notamment, pour ce qui est du contentieux palestinien, lorsque, aux avances de paix formulées par le Sommet arabe de Beyrouth, (les dirigeants arabes acceptant la cohabitation avec Israël dans ses frontières d'avant la guerre de juin 1967), le jour même, le 29 mars 2002, la réponse du chef du gouvernement israélien, le général Ariel Sharon, a été de réoccuper plusieurs villes autonomes de Cisjordanie, de détruire des infrastructures de l'administration de l'Autorité autonome et de mettre en quarantaine le président Arafat. Cela a été possible devant la pusillanimité de la communauté internationale qui ne sut ni réagir ni condamner comme il fallait ces actions contre la paix des dirigeants israéliens. Depuis septembre 2000 plusieurs milliers de Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne, dont les derniers en date, pas plus tard qu'hier, dans une nouvelle agression à Gaza. Quoique différent, le dossier irakien interpelle, lui aussi, la conscience arabe, d'autant que ce pays est sérieusement menacé par une attaque combinée des armées américaine et britannique. Les pays arabes, qui ne manquent pas d'atout, (au plan formel, à tout le moins, ils sont tous contre une frappe militaire de l'Irak), peuvent, selon leurs moyens réels, calmer les appels à la guerre des faucons américains. Or, de nombreux pays arabes, semble-t-il à leur corps défendant, accueillent qui des bases, qui des garnisons de l'armée américaine qui n'attend qu'un signe, de faiblesse de Bagdad, pour passer à l'action. Aussi, la tenue d'un sommet arabe extraordinaire, dans le contexte d'urgence qui est celui de la région, s'impose-t-il plus que jamais aux Arabes, ne serait-ce que dans l'optique de coordonner leurs actions pour trouver des solutions équitables autant à la mise en chantier de l'Etat palestinien indépendant, que d'aider au désarmement pacifique de l'Irak.