Dans une conférence de presse, William Burns a usé d'un langage ne laissant aucun doute persister par rapport à cette affaire qui n'a que trop traîné. William Burns, secrétaire d'Etat américain adjoint chargé du Proche-Orient, en tournée au Maghreb, a tenu, dans la stricte tradition du langage diplomatique, à mettre en exergue la très haute estime dans laquelle est tenu notre pays par l'Administration de Washington. Il a, en effet, entamé sa tournée par notre pays avant de se diriger, hier, vers le Maroc et de finir sa tournée en Tunisie demain. Ce haut responsable américain, dans sa conférence de presse animée hier devant un large parterre de journalistes, a clairement affiché le soutien américain à la démarche algérienne par rapport au conflit entre le Maroc et la RASD. Il a, indiqué, à cet effet, avoir eu des entretiens avec le chef de l'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, et l'avoir assuré que «Washington était favorable à un règlement pacifique et légal de cette question». Cette position s'aligne intégralement sur celle de l'Algérie. Notre pays, qui dispose du statut d'observateur dans la région suivant les strictes consignes de l'ONU, s'est toujours montré favorable à la mise en application des résolutions onusiennes adoptées et devenues sans appel en dépit de la fameuse «troisième voie» développée par le Maroc sans succès, cela en dépit du soutien à peine déguisé de certaines capitales européennes. Le roi Mohammed VI en était arrivé à l'extrémité dénoncée par tous de rejeter cette résolution prévoyant de laisser le peuple sahraoui seul juge de son destin dans un référendum que les Marocains ont tout fait pour ne pas tenir. C'est cette position, pourtant, que viennent de soutenir officiellement les Américains. Dans sa déclaration, en effet, William Burns a simplement plaidé en faveur d'une solution qui plaise aux peuples de la région. En langage décodé, non diplomatique, les Américains se montrent favorables au référendum, seul moyen de montrer démocratiquement ce que souhaite le peuple sahraoui. Mieux encore, les Américains donnent l'air de se montrer pressés d'en finir avec cette affaire puisqu'ils comptent intensifier leur relation avec notre pays en particulier et les Etats du Maghreb en général. La présence US dans la région est appelée à être régulièrement revue à la hausse comme en témoignent les nombreux contrats de partenariat et lignes de crédits attribués à notre pays depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. William Burns précise qu'aucun développement durable dans la région n'est possible sans règlement définitif de la question du Sahara occidental. Il faut donc croire, sans grand risque de se tromper, que cette tournée dans les Etats du Maghreb répond entre autres à la volonté américaine de régler au plus vite cette question. Des pressions, secrètes et diplomatiques, peuvent, de ce fait, être exercées sur le souverain marocain afin qu'il se plie aux décisions sans appel rendues par l'ONU. C'est d'autant plus vrai que c'est à cause de cette affaire que le Maroc bloque résolument l'UMA au moment où les Américains se déclarent favorables à l'émergence d'un bloc soudé au développement harmonieux, capable de peser durablement et efficacement dans toute la région. Il semble tellement évident que le vent (diplomatique) vient de tourner pour les Marocains et que ces derniers, après avoir décidé de rompre avec les Espagnols tant que ces derniers, soutenus par toute l'UE, ne présenteraient pas d'excuses publiques, envoient demain à Barcelone leur ministre des AE, Mohamed Benaïssa. Le Maroc, de plus en plus isolé à l'échelle internationale à cause de ses agissements situés en marge des pratiques légales et démocratiques, tente un nouveau rapprochement avec l'Europe devant le retournement de situation, somme toute prévisible, opéré par les Américains pour lesquels Alger est devenue une des meilleures destinations africaines et, peut-être même, mondiales. La République arabe sahraouie démocratique était, pour rappel, une ancienne colonie espagnole avant d'être annexée par le Maroc du temps du règne du défunt souverain Hassan II lors de la célèbre «Marche verte» de 75.