Le secrétaire d'Etat adjoint américain a révélé la conclusion d'un premier contrat de vente et la finalisation d'un second. “Je suis frappé par tous les progrès réalisés depuis une année dans le cadre du développement des relations bilatérales. Je suis convaincu qu'elles se renforceront davantage dans l'année à venir.” C'est avec cette note très enthousiaste que William Burns, secrétaire d'Etat adjoint américain chargé de l'Afrique du nord et du Proche-Orient, a entamé sa conférence de presse, hier, au siège de l'ambassade de son pays à Alger. Au lendemain de son entrevue avec le président Bouteflika qu'il a remercié pour “son accueil chaleureux” et la qualité “des entretiens très productifs” qu'il a eu avec lui, l'envoyé de Washington a dressé un constat reluisant et prometteur des relations algéro-américaines. “Je suis venu une première fois il y a un an et depuis, le rythme des discussions ne cesse de s'accélérer”, a-t-il insisté. Concrètement, le fruit de ces discussions porte, essentiellement, sur une coopération très active dans le domaine sécuritaire. “L'Algérie compte parmi les sociétés qui ont le plus souffert du terrorisme. Nous avons beaucoup à apprendre d'elle”, a reconnu Burns. Il affirmera à cet égard que “beaucoup de choses ont été d'ores et déjà réalisées”. Faisant l'énoncé des diverses actions qui ont impulsé la coopération sécuritaire entre les deux pays, l'orateur a d'abord évoqué l'assistance matérielle des Etats-Unis à l'Algérie en matière de fourniture d'équipements militaires. Il a révélé sur ce point précis la conclusion d'un premier contrat de vente et la finalisation d'un second. En matière de formation, il a affirmé que le gouvernement Bush envisage de solliciter le Congrès pour une augmentation du montant du programme d'entraide en faveur de la formation d'officiers algériens. Sur un autre volet, l'émissaire de la Maison-Blanche a mis en exergue l'échange fructueux des informations entre les polices des deux pays. Il a, par ailleurs, souligné l'importance des efforts communs en matière de sécurisation des aéroports ainsi que la multiplication des exercices conjoints en Méditerranée des marines algérienne et américaine dans le cadre de l'Alliance de l'Atlantique Nord (Otan). En abordant ce dernier point, Burns a rappelé la récente visite effectuée dans notre pays par le général américain en charge de l'Otan en Europe. Il a, par ailleurs, évoqué le séjour, il y a un mois, de son collègue M. Grossman, sous-secrétaire chargé des affaires politiques au département d'Etat — le ministère des Affaires étrangères. Quant à lui, c'est en tant que “premier responsable de la région” — Afrique du Nord et Moyen-Orient — que l'hôte de la capitale dit être venu en Algérie. S'agissant de la visite annoncée de son président, il s'est refusé à tout commentaire. “Je n'ai pas d'annonce à faire sur ce point”, s'est-il contenté d'affirmer. Ses réponses, l'animateur de la conférence de presse, les a toutes assorties d'un soutien appuyé aux réformes politiques et économiques du gouvernement algérien. “Nous appuyons solidement le processus des réformes économiques”, a soutenu M. Burns. Il a, sur cette question précise, déclaré que l'Algérie a suffisamment de ressources qui lui permettent de parachever ce processus. Cependant, il a exhorté les autorités en charge d'une telle initiative à une plus grande flexibilité. “C'est dans l'intérêt propre de l'Algérie”, a expliqué Burns en insistant sur une plus grande ouverture du marché pour attirer les investissements et encourager l'emploi. Pour autant, ce dernier ne nie pas les retombées bénéfiques de l'essor tant attendu sur le pays de l'Oncle Sam. “Il est dans notre intérêt mutuel de poursuivre notre soutien au programme de réformes”, a-t-il reconnu. Dans les faits, le secrétaire adjoint américain inscrit cette aide dans le cadre de l'initiative Eizenstadt. Il l'a également inclus dans la nouvelle initiative d'assistance économique aux pays de l'Afrique du Nord. “Elle prendra compte de la situation de chaque pays”, a néanmoins souligné M. Burns. Dans le cas précis de notre pays, la création récente d'un Conseil d'hommes d'affaires à New York, la mise en place d'une chambre de commerce algéro-américaine ainsi que la conclusion d'accords de joint-venture à l'instar de Pfizer sont, selon l'envoyé de Washington, autant de stimulants. Afin d'impulser davantage cette coopération, la Maison-Blanche compte sur le régime algérien pour améliorer la situation des droits de l'Homme. “Nous espérons voir l'Algérie faire des progrès dans le domaine de la démocratie”, a-t-il souhaité. Dans cette perspective, il a indiqué que son pays entend “œuvrer aussi bien avec les autorités que le secteur privé et la société civile afin d'accroître la participation de la société au processus de prise de décision politique”. Interpellé justement sur cette question des droits de l'Homme sur laquelle les Etats-Unis sont stigmatisés ces derniers temps, eu égard aux nombreux dépassements qui les caractérisent au nom de la lutte contre le terrorisme, Burns a affirmé qu'il n'y a nulle contradiction entre leur attachement aux libertés et l'engagement qu'ils ont pris pour venir à bout du terrorisme. “La lutte contre ce phénomène vise au final la préservation des droits de l'individu”, a-t-il expliqué. Au centre d'un grand débat sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la question du Sahara occidental a été l'autre sujet au menu de la rencontre du secrétaire adjoint américain avec les journalistes. L'orateur a indiqué en avoir discuté avec le Président Bouteflika. À ce sujet, il a réitéré l'appui de son pays à une solution pacifique, en accord avec toutes les parties concernées par le conflit. “Nous soutenons le travail effectué par James Baker — l'envoyé spécial de l'ONU dans la région ”, a affirmé Burns. Saisissant le poids de ce handicap sur l'édification d'un Maghreb commun, il a souhaité que les pays de la région surmontent ce problème afin de construire un espace commun attractif pour les investisseurs. Enfin, s'exprimant sur le dossier irakien sur lequel il s'est également entretenu avec le chef de l'Etat, l'émissaire américain s'est montré catégorique. “Nous avons insisté auprès du Président sur l'obligation faite à Bagdad de se conformer à la résolution 1441 sur le désarmement de toutes ses infrastructures”, a-t-il dit. S. L. Détenus algériens à Guantanamo “Des responsables algériens peuvent aller les voir” • Interpellé sur le nombre et le sort des ressortissants algériens détenus à la base de Guantanamo à Cuba, William Burns a indiqué sans trop aller dans les détails qu'il n'a pas abordé ce sujet avec les autorités algériennes. “Nous en avons parlé lors de mon précédent séjour”, a-t-il cependant révélé. Il a affirmé, à ce propos, que des responsables algériens ont été invités à leur rendre visite. Par ailleurs, il a affirmé que des représentants du Comité de la Croix-Rouge internationale, qui se sont rendus sur les lieux, ont eu à constater la conformité des conditions de détention avec les lois internationales. S. L.