Pour les observateurs, il y a manipulation dans l'air. Tout compte fait, certains supporters ne méritent pas la JSK. Or comment expliquer l'attitude ingrate d'une frange du public envers un club auréolé d'un troisième titre africain et encensé il y a à peine deux semaines? Pour les observateurs, il y a manipulation dans l'air. Le coup était prémédité. La défaite de la JSK était une occasion pour replonger la région dans le cercle de la violence. Excédé et extrêmement déçu par tant d'ingratitude, le président Hannachi a, néanmoins, tenu à démasquer ceux qui tirent les ficelles et autres partisans du chaos. «Ce sont les mêmes qui ont cassé la Kabylie qui veulent aujourd'hui s'attaquer au symbole de fierté de la région», accuse Hannachi. Pas besoin de lire entre les lignes, les ârchs sont ouvertement mis à l'index par le boss canari. Hannachi sait à quoi s'en tenir et ne lance pas d'accusations gratuites. Le saccage de sa voiture ainsi que celle du club étayent les assertions du président de la JSK, lui qui a pourtant préparé une fête grandiose pour la communion entre le public et son équipe. Mais la fête était gâchée par des individus qui, rejetés par la population et en panne de perspectives efficientes, n'ont que l'argument de la violence pour se faire entendre. Ces mêmes individus ont même reproché à Hannachi l'idée de la fête alors que leurs pairs étaient emprisonnés. Résultats des courses, la JSK risque à nouveau une suspension de terrain, trois matches seulement après son retour forcé à Tizi Ouzou, car à présent, à la FAF, on ne badine pas avec la violence dans les stades. Retour donc à la case départ pour un club qui paye probablement la rançon de sa gloire. Maintenant que le mal est fait et les masques tombés, le bras de fer ârchs-Hannachi est engagé de plus belle. En effet, depuis la création des ârchs, la JSK s'était toujours retrouvée, à son corps défendant, dans le collimateur de cette structure et prise dans le tourbillon des enjeux politiques. Flash-back. Le 22 septembre 2001, à l'heure où les Canaris survolaient l'écueil marocain du WAC au stade du 5-Juillet en quarts de finale de la Coupe de la CAF, le siège de la JSK à Tizi Ouzou était réduit en ruines et la vitrine du club complètement saccagée. Constatant les dégâts, Hannachi montre du doigt la coordination de Tizi Ouzou et accuse nommément quatre délégués de ladite coordination. En même temps, il appelle les supporters du club à un sit-in devant la permanence de la Cadc. Le jour du sit-in, le drame a été évité de justesse puisqu'une véritable bataille rangée a opposé les deux camps. Les sages du club interviennent et la trêve est signée. Trois mois plus tard, le 17 janvier 2002, à l'occasion de la rencontre JSK - MCA (0-0), Tizi Ouzou était mise à feu et à sang. Une nouvelle fois, les ârchs sont dans le box des accusés. La JSK s'exile à Boumerdès et, encore une fois, le comité de sages intervient et enterre la hache de guerre. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et Hannachi, pas du tout rancunier, était le premier signataire de la pétition pour la libération des détenus du mouvement citoyen en juin dernier. Mais, cette fois-ci, la coupe est pleine et Hannachi ne compte plus pardonner aux mêmes individus les préjudices moral, matériel et psychologique portés à l'«icône» JSK. Ces accusations ne sont pas restées sans réponse auprès de la coordination de la ville de Tizi Ouzou. En effet, par le biais d'un communiqué diffusé hier, les délégués de Tizi Ouzou, tout en condamnant et en se lavant les mains des actes de violence qui ont émaillé la fin de la rencontre de lundi dernier, s'en sont pris avec une rare virulence, argument à l'appui, contre le président kabyle. Ainsi, pour les ârchs, «ces actes de violence sont à imputer à une stratégie du pouvoir dont Hannachi est le relais en Kabylie, qui consiste à provoquer un clash entre le club et la population». En parallèle, la coordination de Tizi Ouzou multiplie les accusations contre le boss kabyle «qui gère le club comme une propriété privée en l'engageant dans des positions politiques acquises au pouvoir». Les nombreuses associations du sigle de la JSK dans des actions politiques sont énumérées à travers le communiqué. «N'avait-il (Hannachi, Ndlr) pas déclaré qu'il était urgent d'exclure ces délégués et les remplacer par d'autres pour aller dialoguer avec le pouvoir?», écrivent les ârchs en allusion au conseil communal créé à Tizi Ouzou pendant l'été 2001. Ou encore «n'avait-il pas omis délibérément de dédier la Coupe de la CAF 2001 aux martyrs du printemps noir alors qu'il l'avait fait pour les sinistrés de Bab El-Oued?». Cela dit, la guerre est désormais ouverte entre les ârchs et la direction de la JSK.