le désengagement préjudiciable des autorités locales est nettement sensible à Ghardaïa. La compagnie aérienne Antinea du groupe Khalifa a tenté de redorer le blason du tourisme en Algérie terni par dix ans de terrorisme. Des journalistes spécialisés dans le tourisme, des responsables d'agences de voyages et des professionnels du tourisme venus d'Allemagne et de France ont été invités par cette compagnie pour un séjour à Tamanrasset en transitant par la cité du M'zab, Ghardaïa. Certains découvrent le Sud algérien pour la première fois, alors que d'autres, reviennent après une absence de dix, quinze et parfois trente ans. Selon les échos recueillis à Ghardaïa, l'activité touristique reprend timidement au Sud après un déclin de 10 ans à l'image de la situation sécuritaire du pays. Il faut noter que malgré les efforts déployés par les diverses agences de tourisme, le désengagement préjudiciable des autorités locales s'est sensiblement fait remarquer à Ghardaïa. A l'exception de Béni Izguène, partout ailleurs, le spectacle désolant qui est offert de poubelles à ciel ouvert garnies de sachets noirs et d'ordures ménagères, a quelque peu gâché l'engouement. «Ce n'est pas avec ça qu'on va faire venir des touristes?», chuchote un journaliste allemand à un de ses collègues français. Un propos assassin pour une activité sensible qu'est le tourisme dans un pays qui tente de relever le défi en dépit de l'image souvent biaisée, colportée par les médias étrangers. Pour l'anecdote, on raconte encore à Ghardaïa, les propos tenus par un responsable algérien, lors du colloque international sur le tourisme qui a eu lieu dans la vallée du M'zab en 1994. Le cadre en question, chargé par le ministère du Tourisme de prononcer un discours, s'est placé en gardien du temple et a ruiné, sans le savoir, l'essence même de la mission dont il était chargé, à la façon d'un chameau qui piétine son labour, en concluant son discours par cette phrase: «Attention, attention à l'invasion culturelle (...)». Il va sans dire que la redynamisation du tourisme n'est pas du simple ressort des compagnies aériennes en l'occurrence Antinea Airlines et Khalifa Airways qui assurent le transport des agences de tourisme nationales telles que Eductour, qui prennent des initiatives, mais elle implique tout un environnement à commencer par les élus censés rendre plus attractives leur localité en prenant les mesures nécessaires. «On est tenu de respecter les traditions et coutumes locales, mais l'incinération ou l'enlèvement des ordures n'est pas une coutume», a fait remarquer le premier adjoint au maire de Mulhouse, qui faisait partie de la délégation des touristes. Cela dit l'ambiance traditionnelle qui a caractérisé la première soirée (dimanche) à Ghardaïa constitue un point positif à relever. Le dîner a été servi accompagné de morceaux de oud dont les cordes vibraient sous les doigts d'un Mozabite. Les sons renvoyaient aux lointaines Grenade et Cordoue où cohabitaient juifs, chrétiens et musulmans avant qu'Elizabeth de Castille ne vienne briser cette harmonie.