Une année avant son déroulement, la présidentielle suscite dès à présent commentaires, analyses et projections au sein des états-majors des partis politiques. Le printemps 2004 et son échéance fondamentale: l'élection présidentielle restent encore lointains dans l'esprit et les préoccupations des citoyens. Mais pas dans les calculs et les projections des forces politiques de la scène nationale qui d'ores et déjà gesticulent, pensent aux scénarios possibles, et même engagent quelques initiatives politiciennes plus ou moins en relation avec ce rendez-vous. Bien que des données essentielles fassent défaut à l'heure actuelle aux plus informées des formations politiques - on ne sait pas encore par exemple si le Président en exercice, M.Abdelaziz Bouteflika sera ou non candidat pour un deuxième mandat, comme on ne sait pas encore quel sera le rôle effectif de l'armée ou le degré d'influence de l'extérieur sur cette événement -, les différents acteurs qui vont s'affronter dans l'arène ne cessent d'aiguiser leur stratégie pour pouvoir bien se placer sur la ligne de départ de cette course à la magistrature suprême du pays. Baromètre réel de l'état des lieux politique du pays, la présidentielle a toujours constitué depuis l'indépendance un moment historique très fort dans la vie politique et institutionnelle de la société algérienne. C'est ce qui explique les enjeux de cette échéance, l'intérêt des forces politiques pour l'événement et surtout la présence précoce de ce sujet dans le calendrier des activités de ces dernières. Alors, quelles sont les forces politiques en présence et surtout quelles seront les chances pour chacune d'elles de pouvoir dégager un candidat à même d'être porté au sommet de l'Etat? Au vu des différentes consultations électorales qui ont été organisées depuis la dernière élection présidentielle d'avril 1999, le jeu politique, pour ne pas dire la confrontation, continuera d'être animé par deux principaux courants politiques en vigueur dans le pays depuis l'instauration du multipartisme au début des années 90, en l'occurrence le courant dit des «démocrates ou éradicateurs» et celui dit des «conservateurs ou réconciliateurs». Le poids des uns et des autres au sein de l'opinion publique ne cesse d'être grignoté au gré de l'évolution de la situation politique et économique du pays et de la désaffection des citoyens vis-à-vis de la chose politique. Le faible taux de participation des citoyens enregistré lors des législatives de mai dernier est révélateur de l'esprit des futurs électeurs par rapport à la future échéance. Il n'en demeure pas moins cependant que chaque camp espère tirer la couverture à lui. Ainsi lesdits démocrates ou éradicateurs personnifiés à travers des formations politiques telles que le RCD, l'ANR ou le MDS malgré leur recul en termes d'ancrage populaire dû en partie à leur éparpillement et la stratégie d'affronter les batailles électorales en rangs dispersés, se disent toujours là prêts à faire passer leur programme politique. Quant au camp adverse représenté par ce qu'on appelle les conservateurs ou réconciliateurs, et articulés autour du FLN qui vient de triompher aux deux scrutins de l'année, le chancelant MSP, le désormais second RND et le surprenant revenant El-Islah, tout en étant aux commandes des affaires du pays, n'est pas du tout assuré de remporter facilement cette bataille de la présidentielle. A moins d'une surprise de taille dans le sérail national ou d'une interférence notable émanant de l'extérieur ( les conséquences des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ne sont pas près de terminer leurs répercussions sur le reste du monde dont l'Algérie fait partie). Ce sont là, les principaux acteurs qui animeront la future élection présidentielle de 2004. Il reste à savoir avec quels programmes ces forces politiques vont aborder ce très important scrutin. Cela est une autre paire de manches.