Les prétendants au palais d'El Mouradia commencent à s'afficher bien avant janvier 2008. La dernière sortie, tonitruante, des trois chefs politiques, Aït Ahmed, Mehri et Hamrouche, est annonciatrice de remous politiques prochains. Si l'initiative en elle-même propose de contribuer à trouver une solution à la crise nationale, la manifestation de ces trois hommes au poids politique certain, amène à se poser la question: pourquoi cette initiative et surtout maintenant? Le raccourci serait peut-être trop court, mais l'appel des trois dirigeants intervient à seize mois de la présidentielle de 2009. Si Hocine Aït Ahmed et Abdelhamid Mehri n'ont pas d'ambition présidentielle, Mouloud Hamrouche en revanche, qui se tient en réserve de la République, n'a pas abandonné son désir de faire partie de la course à El Mouradia. Et de ce fait, il est toujours à la recherche d'un sponsor politique pour sa candidature à la présidentielle de 2009. Mais pas n'importe quel sponsor. Connu pour sa prudence, Mouloud Hamrouche ne va pas hypothéquer ses chances pour ce rendez-vous lui qui surfe entre opposition et compromis consensuel coincé entre deux partenaires, Hocine Aït Ahmed un opposant de toujours, et Abdelhamid Mehri, un vieux de la vieille qui a blanchi sous le harnais du FLN que l'on a du mal à qualifier d'opposant, même «soft». Un pareil rassemblement est-il le cadre le plus approprié d'expression pour l'ancien chef de gouvernement? Plus encore, M.Hamrouche qui n'a jamais coupé le cordon ombilical avec le système dont il se revendique, a eu à déclarer que «le système ne peut avoir qu'un seul candidat», d'où la supputation qu'il pourrait être ce candidat. C'est donc dans le sillage de la présidentielle de 2009, des élections locales de novembre prochain et de la révision de la Constitution qu'il convient de replacer l'initiative des trois hommes. Pour la révision de la Constitution rien n'est encore officiellement arrêté mais les échéances, en perspective, imposent une date butoir. La révision de la loi fondamentale du pays doit impérativement intervenir avant janvier 2008. Car, en novembre 2007 il y aura les élections locales et en mai 2009 se déroulera l'élection présidentielle. Deux élections en six mois, ce n'est pas évident ni très recommandé dans un pays où la population a déserté les urnes. De ce fait, il ne restera que l'année 2008 pour la révision de la Constitution. Reste à savoir sous quelle forme cette révision constitutionnelle interviendra: le président la proposera-t-il pour approbation par les deux chambres du Parlement, réunies en congrès, ce qui serait suffisant selon les textes de la Constitution en vigueur, ou alors les amendements seront-ils proposés à référendum au peuple algérien? Dans ce cas, il va falloir préparer la campagne d'explication des amendements, apporter et organiser le référendum. Et le communiqué cosigné par Aït Ahmed, Hamrouche et Mehri semble anticiper sur ces rendez-vous politiques. Une initiative à même de fouetter une classe politique qui ne s'est pas encore relevée du choc induit pas les législatives d'avril dernier. Attendu par les observateurs comme un événement politique d'envergure, le congrès du FFS aura été au total un non-événement. Neutralisé par les attentats terroristes à Batna et à Dellys, le rendez-vous du FFS n'a suscité ni débat ni engouement politique. Le sursaut est-il à espérer pour le début de la campagne électorale pour les élections locales et même après ces élections qui présagent en effet, une importante décantation politique. Car c'est après ces locales que les pouvoirs publics se consacreront à «la problématique» de la révision constitutionnelle. Une révision qui clarifiera la donne, notamment concernant la candidature ou non de l'actuel président pour un troisième mandat. Après quoi, Mouloud Hamrouche sera fixé sur son sort politique par rapport à cette échéance, lui qui a déclaré en 2004 qu'il ne se présentera pas contre un «candidat» du système.