Il est loin le temps où cet activiste notoire dans les rangs du GIA se mouvait en territoire européen comme un poisson dans l'eau. Le journal New Zeeland Herald a rapporté dans son édition d'hier qu'«un Algérien a été placé sous haute surveillance dans une prison de Nouvelle-Zélande pendant que les autorités vérifient s'il s'agit d'un extrémiste algérien lié au réseau Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden». Le fait que le concerné soit placé sous haute surveillance donne un aperçu sur l'importance de la prise. Le journal, en effet, suppose qu'il pourrait s'agir de Ahmed Zaoui, l'un des terroristes les plus dangereux et les plus recherchés en Algérie, condamné chez nous à la peine capitale par contumace. L'information paraît vraie. Zaoui se trouve bel et bien détenu dans une prison néo-zélandaise depuis une semaine. Mieux encore, elle semble avoir généré une grande panique dans les rangs des dirigeants de l'ex-FIS. Dans un communiqué, le supposé comité exécutif du parti dissous a réagi hier avec une promptitude extrême. En effet, l'ex-FIS confirme que Ahmed Zaoui est bel et bien détenu dans une prison de Nouvelle-Zélande. Il nie, cependant, tous rapports entre ce terroriste et l'organisation que dirige Oussama Ben Laden. Ce qui est curieux dans le communiqué, c'est que ses rédacteurs ne prennent pas la peine d'opposer le même démenti par rapport aux accointances avérés qu'entretient Zaoui avec les activistes du GIA. Cette manière inique et unique de communiquer confirme en quelque sorte les nombreuses fois où le Président avait été forcé de dire qu'il n'existait pas de bons et de mauvais terroristes, de même qu'il ne fallait pas établir de discriminations entre les victimes de ce fléau planétaire. C'est pourtant ce que font encore certaines capitales étrangères, ce qui permet aux activistes du FIS dissous d'en profiter en jouant à fond cette carte. Le communiqué, donc, tente d'éloigner Zaoui d'Al-Qaîda qui a beaucoup de sang européen, américain et australien sur les mains, revendiquant toujours implicitement les milliers de vies prises à d'innocentes victimes algériennes, isolées et sans défense. Le communiqué ajoute que des contacts existent entre les dirigeants de l'ex-FIS et les autorités néo-zélandaises pour «le respect du droit des demandeurs d'asile dans le cadre de la Convention de Genève de 1951». Cette sortie trahit la panique qui a gagné les rangs du dissous et dont les activistes trouvent de plus en plus difficilement des «terres d'asile» depuis les attentats du 11 septembre et les incommensurables conséquences géostratégiques qui en ont découlé en matière de lutte contre le terrorisme. Ahmed Zaoui, pour rappel, avait une très grande liberté de mouvement en Europe. Il jouissait, affirment des sources sécuritaires du Vieux Continent, d'aides et de soutien de la part de certains services secrets européens. Longtemps durant, il a servi de pourvoyeur en fonds et en armements en direction des maquis du GIA à partir du continent européen. Il a, par la suite, séjourné quelques années au Burkina Faso avant que sa trace ne soit perdue. Des sources l'avaient situé au Soudan alors que d'autres le pensaient carrément rentré dans les rangs d'Al-Qaîda en Afghanistan. Avec sa localisation en Nouvelle-Zélande et sa mise en prison en attendant que la justice tranche sur son sort, il y a de fortes chances, précisent des observateurs, que ce terroriste encombrant, dont plus aucun pays ne veut, soit extradé vers l'Algérie dans les prochaines semaines. Par ailleurs, le Parquet général de Paris a demandé jeudi à la Cour d'appel de porter à 10 ans d'emprisonnement les peines de 7 et 5 ans prononcées le 30 novembre 2001 par le tribunal correctionnel contre deux islamistes algériens d'un réseau lié au GIA, Mohamed Kerrouche et Nacer Mamache. Soupçonnés d'appartenir à la branche européenne du Takfir wal hijra (expiation et renoncement), un groupe de fondamentalistes musulmans, ils auraient participé au soutien logistique des maquis algériens en leur procurant notamment des armes.