L'embellie financière, consécutive à la hausse du prix du pétrole, donne une autre dimension au périple du Président à l'intérieur du pays. Après plus de deux ans à la tête de l'Etat, ce qu'on pourrait qualifier de «style Bouteflika» s'affine de plus en plus. Le concept de proximité développé par le chef de l'Etat lors de sa campagne électorale et plus récemment Ali Benflis, dans son discours d'investiture à la tête du FLN, prend toute sa dimension. Le déplacement prévu aujourd'hui du Président de la République à Jijel confirme sa volonté d'instaurer un nouveau type de relation pouvoir-société que ses prédécesseurs ont vraisemblablement relégué au second plan. En effet, cela fait près de vingt ans que l'Algérie profonde n'a pas reçu la visite du chef de l'Etat. Le mode de gouvernance de Chadli Bendjedid, qui a opté pour une gestion des affaires de la République à partir du palais d'El-Mouradia, a été reproduit par Ali Kafi et Liamine Zeroual, pour des raisons, certes, différentes, mais dont l'une des conséquences a été une fracture entre le sommet de l'Etat et le peuple. Les multiples déplacements de Bouteflika aux quatre coins du pays ont pour objectif de rétablir une relation, que vingt ans de coupure ont réduite à sa plus simple expression. Les différentes visites ont permis au chef de l'Etat, outre de donner son sens au mot proximité, d'établir un diagnostic sur l'état réel de la nation. Une étape que les observateurs jugent nécessaire pour une double raison : d'abord rétablir un lien qui doit être privilégié entre le Président et l'ensemble de la société qui n'a que trop souffert des affres du terrorisme et de l'isolement, puis constater sur le terrain l'étendue des dégâts occasionnés par une très longue période de mauvaise gestion couplée à une violence terroriste sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Ces sorties, affirment les mêmes observateurs, ont aussi un impact psychologique positif sur les populations du profond pays qui se sentent appartenir à une collectivité nationale solidaire. Cela étant, l'embellie financière consécutive à la hausse du prix du pétrole, qui a permis un niveau de réserves jamais atteint - de l'ordre de plus de 20 milliards de dollars - donne une autre dimension au périple du Président à l'intérieur du pays. Armé d'un programme de relance économique qui a le mérite, pour la première fois dans l'histoire du pays, d'être clair, de sorte que les Algériens savent où va l'argent du pétrole, Bouteflika ne se contentera pas de prêcher la bonne parole, mais ira au devant des populations avec un projet clair et un discours qui repose sur des faits avérés. Son déplacement d'aujourd'hui s'inscrit dans le même élan de redressement économique, promis aux Algériens tout au long de la campagne électorale. Une promesse d'autant plus facile à tenir, sachant que les rentrées financières pour l'an 2002 seront aussi exceptionnelles