L'embellie financière qu'a connue l'Algérie, depuis 1999, grâce à la flambée des prix du pétrole, semble encourager davantage les décideurs algériens à injecter plus d'argent pour soutenir la relance économique. Depuis son investiture à la tête de l'Etat, il y a six ans, le président de la République (et son gouvernement) a lancé deux grands programmes en vue d'insuffler une nouvelle dynamique à l'économie du pays. Après le Plan triennal de soutien à la relance économique (PSRE) lancé en 2001, le président Bouteflika a dévoilé, jeudi dernier, les grands axes du deuxième Programme complémentaire de soutien à la relance économique (PCSRE). D'importantes enveloppes ont été dégagées dans le cadre de ces deux plans pour permettre un décollage effectif de l'économie algérienne : 7 milliards de dollars, soit 525 milliards de dinars, pour le PSRE et 55 milliards de dollars, soit un montant de plus de 4200 milliards de dinars, pour le PCSRE. Le gouvernement a-t-il atteint les objectifs tracés dans le cadre du PSRE ? Dans son rapport publié en juillet 2004, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a vivement critiqué ce plan mis en place pour la période 2001-2004. Le PSRE, selon l'OCDE, a réalisé « des résultats mitigés, notamment pour ce qui est de la durabilité de l'impact sur la croissance et l'emploi et des fragilités qu'il pourrait engendrer, particulièrement sur l'équilibre intérieur ». Toutefois, les autorités algériennes se sont félicitées des effets engendrés par ce premier programme de soutien à la relance économique. Quels seront les résultats du PCSRE ? Dans le bilan final du PSRE, publié sur le site internet de la chefferie du gouvernement, il a été souligné que l'objectif, comme pour justifier les résultats, « n'était pas de résoudre tous les problèmes latents enregistrés en termes de besoins d'emplois tout particulièrement ». Pour le gouvernement, le but est d'« atténuer les effets pervers d'une crise profonde et de créer les conditions propices à une authentique stratégie de développement durable ». L'enveloppe budgétaire consacrée au PSRE est répartie, faut-il le rappeler, ainsi : 155 milliards de dinars pour l'amélioration des conditions de vie, 124 milliards pour le maillage infrastructurel, 74 milliards pour l'activité productive, 20 milliards pour la protection du milieu, 76 milliards pour les ressources humaines et la protection sociale et 29 milliards pour l'infrastructure administrative. Selon le bilan du gouvernement, le PSRE a permis le lancement de 16 063 projets dans divers secteurs et l'implication de 26 000 entreprises. Il a contribué aussi à la création de 728 666 emplois durant la période allant de septembre 2001 à décembre 2003. Cependant, au-delà du satisfecit du gouvernement, la réalité, selon les spécialistes, demeure peu reluisante. Le taux de chômage reste très élevé (17,7% en novembre 2004) et le climat social est relativement tendu. Le Conseil national économique et social (CNES) a souligné, dans son dernier rapport, « la persistance de revendications principales liées aux salaires, au logement et à l'amélioration du cadre de vie ». Pour le CNES, cela est le résultat d'« une absence d'une stratégie profonde dans le plan de relance ». Il est à souligner également que ce plan a été soutenu par des enveloppes financières supplémentaires allouées par Bouteflika lors de ses visites dans différentes wilayas. A moins que l'argent ne soit pas destiné à pallier les insuffisances au niveau des communes et des diverses localités, ces enveloppes additives devraient aider le décollage de l'économie. A travers le lancement de ce nouveau programme, le président Bouteflika veut mener à terme son programme quinquennal et tenir ses engagements envers le peuple qui l'a réélu en avril 2004. Il a promis de réaliser 1 million de logements et 2 millions de postes d'emploi. Ce programme est, pour le chef de l'Etat, à « la hauteur des défis que l'Algérie doit relever, dans les limites des moyens dont le pays compte objectivement disposer ». La somme consacrée à ce nouveau programme est très importante. Mais a-t-on les mécanismes nécessaires pour sa mise en œuvre ? Peut-on garantir une bonne gestion, dans la transparence, des 55 milliards de dollars ?