Il a pris cette décision en Conseil des ministres. Des sources généralement bien informées, proches du pouvoir exécutif, nous ont affirmé que le Président de la République, en marge du Conseil des ministres qui avait eu lieu lundi dernier «a donné ordre de retirer le projet de loi sur les hydrocarbures élaboré par Chakib Khelil il y a de cela plusieurs mois». Cette décision n'a pas été reportée sur le communiqué final qui avait sanctionné cette rencontre. Il semble que le chef de l'Etat ait voulu ménager la susceptibilité de son ministre de l'Energie et des Mines, même si ses jours semblent désormais comptés au regard de l'échec cuisant essuyé dans cette démarche. Chakib Khelil, pour rappel, n'avait pas cessé de rappeler que son projet de loi, publié par nos soins il y a de cela quelques mois, allait passer durant la session d'automne de l'APN. Il ne donnait pas l'air de comprendre les nombreuses mises en garde du Chef du gouvernement, Ali Benflis, en tant que responsable de l'Exécutif, mais aussi en sa qualité de secrétaire général du FLN, qui affirmait que rien d'officiel, concernant ce projet de loi, n'était parvenu aux oreilles du gouvernement, ce qui constitue une manière à peine voilée de dire que cette mesure n'a aucune chance d'être adoptée en Conseil de gouvernement, et encore moins en Conseil des ministres, comme cela avait été le cas la semaine dernière. Le responsable politique qu'est Benflis était même allé plus loin en rejetant ce projet de loi tant dans sa forme que dans son fond lors d'une mémorable intervention, suivie de près par une autre, similaire, du patron du RND, Ahmed Ouyahia. L'Ugta était allée jusqu'à élaborer un document technique, rehaussé par la contribution de grands experts du domaine, dans lequel elle a tenté de prouver pragmatiquement que cette loi ne signifierait rien moins que la remise en cause de l'Etat algérien à travers le bradage de ses richesses souterraines qui lui assurent la quasi-totalité de ses rentrées en monnaie forte. La rencontre explicative, animée la semaine dernière à Constantine par le ministre de l'Energie et des Mines a tout simplement tourné court après que la centrale Ugta eut décidé de bouder la rencontre et que des prises de bec mémorables se furent produites entre les participants, poussant le ministre à écourter la rencontre. Le coup de grâce, donc, est venu du chef de l'Etat lui-même. En ordonnant le retrait de ce projet de loi, c'est un désaveu quasi officiel qui est prononcé contre ce ministre dont les jours, dit-on, seraient comptés au sein de l'équipe gouvernementale de Ali Benflis. Même si des réformes, indique la Centrale Ugta, sont nécessaires dans le secteur des hydrocarbures, il ne faut pas en prendre prétexte pour brader les seules richesses qui permettent encore à l'Etat algérien de disposer des fonds nécessaires à son fonctionnement. La décision du chef de l'Etat, jugée sage du côté de la Centrale Ugta, permettra que le scénario argentin ne se produise pas dans notre pays. Désormais, les décisions concernant ce secteur, croit-on savoir, ne seront pas prises sans concertations préalables avec le partenaire social. La politique du fait accompli est désormais révolue.