Souvent, des sportifs algériens de renommée internationale parviennent à l'orée de leur carrière, avec comme seule récompense un parcours jalonné de périodes fastes, de moments ternes, d'amitiés brassées au gré des stades, de joie et d'amertume. L'un des plus grands gardiens de but du cru national, celui que les spécialistes surnommaient à juste titre le «Yachine» africain, a bien voulu nous accorder cet entretien exclusif. Hier encore, le gardien-volant de l'O Médéa réussissait à tenir en haleine toute la région du Titteri dans les pâmes en tenant tête aux redoutables Lalmas, Freha, Amirouche. Hier encore, il arrivait à faire chanter, danser et rêver le Médéa de toutes les considérations face à des équipes-légende à commencer par le MCA, le CRB, la JSK, le MCO et l'USMA. Hachemi Nekkab enfila, pour la première fois, les couleurs de la prestigieuse OM en 1962. Deux années plus tard, il passe «en équipe fanion aux côtés des Bettegri, Dahmane Hantabli, Hafidh, Hussein, Laïmèche, Berkani, Mahieddine, Berkani». De championnat en coupe, il poursuivra son petit bonhomme de chemin, subjuguant les clubs les plus huppés, faisant l'admiration de ses adversaires. En 1966, le CRBelcourt lui fait une offre alléchante au même titre que le MCA et de l'USMA après la mémorable empoignade de Boufarik comptant pour les seizièmes de finale de la Coupe d'Algérie. Mais Nekkab considère toujours «l'OM comme une mère, un dogme sacré à qui l'on donnait vie parfois avec notre mal vie. On vivait l'inconfort, à commencer par le casse-croûte frites (sourire) et un bain chez Laghouati en cas de victoire». Voir Hachemi feuilleter ses souvenirs d'or avec une désarmante simplicité, se prêter au replay de ses fameux face-à-face avec Freha, Belkedroussi, Mabrouki, Amirouche, verser encore des larmes à l'évocation de l'immortel (2-1). L'ex-Kahla d'El-Harrach où la méchante blessure qui a permis au MCOran de gagner sa qualification en coupe, ressuscitant cette race de footballeurs comme on en fait plus aujourd'hui. «Notre plus grande satisfaction, c'était l'accueil du public, la limonade des supporters au café. Tout va bien.» Comme à l'intérieur d'une grande famille, Nekkab avait partout des amis gagnés au fil des rencontres. Il déplore cette «gangrène de la violence qui a pris à l'improviste le football algérien». Près de quarante années de football, et sans le moindre avertissement, une expérience et un record qui poussent à l'humilité. Hachemi Nekkab, c'est assurément l'étalon d'or pour toutes les générations dans leurs relations avec l'adversaire et la pratique sportive, ce qui n'est pas évident dans un environnement où n'importe qui peut devenir n'importe quoi...