Il réussit peu à peu à remplacer le célèbre «franc français». Accueillie avec prudence dans un premier temps où les Français, pourtant habitués, ne s'y sont pas familiarisés facilement, la monnaie européenne est devenue, au fil des mois, une monnaie très courante et un concurrent direct du dollar américain. D'ailleurs, l'euro a atteint, cette semaine, son plus haut taux d'échange depuis sa mise en circulation, puisqu'il s'est échangé à 1,04 dollar à Wall Street. Du côté de la Banque centrale, l'euro se vend à 84 DA, maintenant un taux raisonnable par rapport aux échanges des devises étrangères sur le marché national. Sur le marché parallèle, et plus précisément du côté du square Port-Saïd, considéré par les spécialistes comme la plaque tournante du marché noir des devises, c'est la fièvre de l'euro. Depuis quelques jours, la monnaie européenne s'échange à 104 DA contre 100, il y a quelques mois. Cette montée du taux informel de la devise européenne est due essentiellement au départ important de personnes qui prévoient de passer les fêtes de fin d'année en Europe et en Tunisie. Pour un des trabendistes de l'euro rencontré au square Port-Saïd, la plupart de ceux qui achètent l'euro sont des candidats au réveillon tunisien. Peu de personnes font l'échange dans cette partie très risquée de la capitale, ils préfèrent acheter des devises chez certains commerçants du tunnel des Facultés ou encore au grand bazar de la place du 1er-Mai. La dernière descente des services de la brigade économique a provoqué une véritable saignée dans les affaires des vendeurs du «billet bleu» à Port-Saïd. Une opération qui avait mis fin à un véritable réseau de change parallèle et entraîné une perte considérable des réserves cachées de la devise forte provoquant une montée en flèche de l'euro sur les autres places boursières. Il faut signaler que le change de l'euro très réglementé dans les banques a relancé le commerce des monnaies étrangères sur le marché noir de la devise. Et la plus grande quantité d'euros provient des wilayas de Batna, Khenchela, Bordj Bou-Arréridj et surtout Bir El-Ater et Tizi Ouzou. Si la première wilaya puise sa ressource du trafic illicite de voitures et de la contrebande en tout genre, la dernière tire ses profits de l'argent ramené en quantité par les immigrés chaque été. Devant cet état de fait, la monnaie européenne continue à faire son petit bonhomme de chemin dans l'attente d'une meilleure appréciation des Algériens, qui trouvent toujours que le franc français est irremplaçable.