Des lacunes à plusieurs niveaux. Souvent on a tendance à évoquer le manque de moyens, mais dans plusieurs cas, il serait plus juste de mettre en exergue la mauvaise gestion. A Kouba, par exemple, et au niveau de la polyclinique d'El-Maqaria (ex-Leveilley), un service destiné inialement à la radiologie a été transformé en logement, depuis deux ans, et ce, au profit de deux cadres de la santé. Ce qui est paradoxal, sachant l'importance d'un tel service pour les malades, mais aussi le coût des radios souvent inaccessible pour ces derniers. Nous nous sommes rendus sur les lieux pour se renseigner sur les raisons d'une telle décision. A l'entrée c'est un groupe de garçons, jouant au foot qui nous accueille. Ces derniers côtoient quotidiennement les malades. Ce décor nous a fait oublier, pour un instant, qu'on est dans une polyclinique. «Où est-ce que vous voulez qu'ils jouent, ils habitent ici», nous dira un agent de réception, Lequel estime la situation «normale». Ce dernier nous apprend que sept fonctionnaires de la santé occupent des logements de fonction au même endroit. Un responsable au niveau de la polyclinique Boumaâza, sise à Leveilley, qui a voulu garder l'anonymat, n'y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le climat dans lequel exerce son personnel. «Cet endroit est en train de se transformer en cité. Il faut dire que le gardien de nuit a une double fonction chez nous», témoigne-t-il. Notre interlocuteur nous explique, en substance, que le sous-sol, prédestiné au service radiologie, a été octroyé aux deux fonctionnaires de la santé. «Nous avons préparé la chambre noire, aménagé l'endroit, mais le service n'a jamais fonctionné.» Ce dernier qui dit ignorer les raisons de ce blocage, affirme néanmoins que «l'endroit aurait pu servir à d'autre fins plus utiles pour les malades» et d'ajouter: «On a préféré le céder gratuitement à des cadres de la santé qui ne paient ni électricité ni gaz.» «Les chambres sont très mal aérées, ce qui est normal parce que l'endroit n'était pas destiné à être habité», a-t-il précisé. Cette polyclinique ne constitue pas un cas isolé. Selon certaines sources, le centre sanitaire des Sources, sis à Kouba, connaît la même situation. Il semble que là-bas, le service de la prévention infantile et maternelle (PMI) a été transformé en habitation. Sur place, nous avons recueilli plusieurs versions contradictoires. «Vous êtes dans la PMI», nous dira une sage-femme, apparemment ancienne dans le service. «La PMI a été remplacée par le service ORL depuis trois ans» nous explique un médecin. «Ce service n'a jamais existé dans notre polyclinique, vous faites confusion avec la polyclinique des Annassers», assure la surveillante chef des services médicaux des Sources. Cette dernière est catégorique: «Les logements de fonction sont habités depuis plusieurs années.» Contacté par nos soins, M.Massrour, directeur du secteur sanitaire de Kouba, aura un autre son de cloche. Selon ses déclarations, c'est la direction de l'ex-secteur sanitaire d'Hussein Dey qui occupait le sous-sol de la polyclinique de Leveilley. «Le coin est humide, il ne pouvait, dans ce cas, être aménagé en service de radiologie. D'ailleurs je n'ai jamais entendu parler d'un tel projet dans la polyclinique de Boumaâza», explique-il. Il reconnaît, néanmoins, que les locaux ont été transformés en logement, depuis deux ans, sous ses ordres. «Le local est habité aujourd'hui par mon directeur adjoint. Ce dernier a été expulsé depuis deux ans de son logement de fonction. Je ne pouvais le laisser dans la rue», ajoute-il Cette mise au point appelle, néanmoins plusieurs interrogations. Si le sous-sol est un endroit humide, donc constituant un danger pour la santé des gens, pourquoi le transformer en habitation? Aussi selon un agent rencontré au niveau de la polyclinique de Boumaâza, la direction de l'ex-secteur sanitaire d'Hussein Dey à laquelle a fait référence M.Massrour avait effectivement ses locaux au niveau de la polyclinique de Leveilley, mais pas au sein du sous-sol comme l'a déclaré le directeur du secteur sanitaire de Kouba, Concernant le cas de la polyclinique des Sources, notre interlocuteur persiste et signe: «Les médecins qui y habitent sont là-bas depuis plus de 10 ans, donc avant mon installation à la tête du secteur sanitaire de Kouba.» Par ailleurs, il estime que le service existe toujours. «Vous pouvez vérifier l'information sur le terrain», ajoute-il. Mais sur le terrain, plusieurs versions nous ont été fournies sur le sujet. Laquelle est crédible? Et que cachent ces contradictions? Une affaire à suivre.